Cap sur 2020 : la stratégie de l’UE débattue au Parlement européen

8 avril 2010
Dans les couloirs des institutions, il est souvent question de « la stratégie 20-20 ». Ce jargon bruxellois désigne le plan de route pour une coordination renforcée des politiques économiques en Europe. Il devrait être adopté en juin prochain par le Conseil européen. L’objectif d’ici 2020 : assurer une croissance plus vigoureuse et créer davantage d’emplois en Europe.
Dès l’automne 2010, les Etats-membres devront définir leurs objectifs nationaux à la lumière de la nouvelle stratégie européenne pour 2020. Ce texte qui remplacera la stratégie de Lisbonne implémentée en mars 2000 au Portugal (et pour dix ans), portera avant tout sur les quatre principaux domaines dans lesquels des mesures doivent être prises : la connaissance et l’innovation, une économie plus durable, l’amélioration des niveaux d’emploi et l’inclusion sociale.

« La compétitivité n’est pas l’objectif en soi »

D’ici juin prochain, le Commission européenne consultera le Parlement européen. Daniel Cohn-Bendit et Rebecca Harms qui président ensemble le groupe des Verts/ALE aimeraient bien repeindre en vert ces objectifs de long terme et mettre l’accent sur la lutte contre le chômage des jeunes et la pauvreté : « La stratégie ‘UE 2020’ doit placer l’Europe à la pointe de la révolution ‘verte’ du 21e siècle, qui doit concilier le développement humain et les limites physiques de la planète, écrivent-ils, l’objectif global ne peut pas se limiter à la course à la croissance du PIB. Il faut placer les citoyens et la protection de l’environnement au cœur de l’action politique et viser à générer du bien-être et à accorder les meilleurs chances pour tous. »

« Renforcer la gouvernance »

Comment inciter les Etats-membres à mettre en œuvre cette stratégie ? « Elle doit établir des objectifs contraignants et des mécanismes de mise en conformité qui associent l’harmonisation vers le haut et la flexibilité », expliquent les parlementaires écologistes. La crise grecque a montré les faiblesses du Pacte de stabilité ; il faut donc également renforcer la gouvernance économique européenne : « UE 2020 doit inclure un ambitieux principe de gouvernance économique à l’échelle européenne qui prévoie le lancement conjoint, dans un cadre commun, des programmes de stabilité et de convergence et des programmes nationaux de réforme. »

Ces projets ne verront pas le jour sans plusieurs instruments essentiels pour les mettre en oeuvre : salaires minimums, emplois verts, fonds de solidarité, augmentation du budget de l’UE, réglementations des marchés et des instruments financiers, lutte contre les paradis fiscaux…

Les premiers objectifs chiffrés pour 2020

Le Conseil européen de printemps a défini de grands objectifs communs qui guideront l’action des Etats-membres. La politique agricole commune y a été intégrée suite à la demande, notamment, de la France. Prochaine étape : juin 2010. En tenant compte de la proposition de la Commission européenne, le Conseil européen fixera la valeur chiffrée de ces objectifs et reviendra sur la question de l’inclusion sociale et de la réduction de la pauvreté. Les premiers engagements sont les suivants :

– s’employer à porter à 75 % le taux d’emploi des femmes et des hommes âgés
de 20 à 64 ans, notamment grâce à une plus grande participation des jeunes, des travailleurs âgés et des travailleurs peu qualifiés, ainsi qu’ à une meilleure
intégration des migrants légaux;

-améliorer les conditions de la recherche et du développement, afin en particulier de porter à 3 % du PIB le niveau cumulé des investissements publics et privés dans ce secteur; la Commission élaborera un indicateur portant sur l’intensité de la R&D et de l’innovation;

– réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport aux niveaux
de 1990; faire passer à 20 % la part des sources d’énergie renouvelable dans
notre consommation finale d’énergie; et s’acheminer vers une augmentation
de 20 % de notre efficacité énergétique;

– l’UE est résolue à adopter une décision visant à porter à 30 % la réduction des
émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990,
à titre d’offre conditionnelle en vue d’un accord mondial global pour l’après-2012, pour autant que d’autres pays développés s’engagent à atteindre des réductions d’émissions comparables et que les pays en développement apportent une contribution adaptée à leurs responsabilités et à leurs capacités respectives;

– améliorer les niveaux d’éducation, en particulier en s’attachant à réduire le taux de décrochage scolaire et en augmentant la part des personnes diplômées de l’enseignement supérieur ou ayant un niveau d’études équivalent.

A lire :

– la résolution du groupe des Verts/ALE pour un horizon 2020 social et écolo.

– Et les conclusions du Conseil européen du 25 et 26 mars 2010 lors duquel cette nouvelle stratégie pour l’emploi et la croissance a été discutée par les chefs d’Etats et de gouvernements.

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