Catastrophe des boues rouges en Hongrie: les rejets industriels toxiques doivent être encadrés et les industriels responsabilisés

Il y a cinq ans, la Hongrie connaissait l’une de ses pires catastrophes industrielles: les effluents toxiques d’une usine d’aluminium avaient causé des ravages après qu’une digue d’un bassin de décantation ait rompue. A l’occasion de cette triste commémoration, le Parlement européen a débattu et acté les leçons retenues de cette catastrophe, par le biais d’une question orale et d’une résolution. Réaction des eurodéputés écologistes.
Pour José BOVE, membre du groupe Verts/ALE:
« Ce désastre a causé la mort de 10 personnes, alors que des centaines étaient blessés et plus de 300 maisons avaient été détruites. Une telle catastrophe industrielle est directement imputable à la mauvaise application du droit communautaire, conjuguée à de nombreuses déficiences en matière d’inspection. Parmi les erreurs constatées, on retrouve le classement incorrect de ces rejets industriels dans la catégorie ‘déchets non toxiques’, des autorisations défectueuses et des inspections inadéquates. Le risque est présent sur d’autres site en Europe. Je pense en France au cas de l’usine Altéo de Gardanne. Depuis plus de 50 ans, cette usine déverse ses effluents toxiques dans la Méditerranée, au vue et au su des pouvoirs publiques. Il est plus temps que cela cesse. »

Pour Benedek JAVOR, membre hongrois du groupe Verts/ALE et membre de la commission de l’Environnement:
« La résolution s’attache à démontrer qu’aucune leçon sérieuse n’a été retenue de cette catastrophe. Encore une fois, comme trop souvent dans les accidents industriels, le fardeau des réparations et indemnisations est payé par l’argent public et non par les industriels responsables de la catastrophe. C’est la raison pour laquelle le Parlement européen a demandé à la Commission européenne de proposer de nouvelles règles harmonisées et imposant aux industriels de provisionner de manière obligatoire un fond de compensation financière, afin que le principe pollueur-payeur puisse être pleinement appliqué. »

Pour Michèle RIVASI, Vice-présidente du groupe Verts/ALE et membre de la commission de l’Environnement:
« En accord avec la législation et les programmes européens en matière environnementale, la Commission devrait aussi mettre en place des exigences d’inspection qui pourraient être coordonnées à l’échelle européenne pour éviter les conflits d’intérêts nationaux. Tous les États membres ont le devoir, même en période d’austérité, de financer correctement les autorités en charge des inspections industrielles et ce afin d’éviter un accident et faire respecter la réglementation en vigueur. Il en va de même pour les organismes chargés de mesurer la toxicité des rejets industriels et les solutions visant à leur traitement. Les effluents industriels toxiques doivent être considérés comme tels, et il n’y a pas de raison valable pour que les États membres adoptent des double standards: les rejets liquides de l’usine d’alumine de Gardanne en France polluent irrémédiablement la Méditerranée, et il semble irresponsable de vouloir valoriser les déchets solides pour réduire le volume de déchets dont l’industriel a la charge. »

Pour plus d’information (en anglais): http://javorbenedek.hu/en/5th-anniversary-of-the-kolontar-industrial-catastrophe-we-have-not-learnt-our-lessons-we-are-waiting-for-the-next-catastrophe/
et http://javorbenedek.hu/en/lessons-learned-5-years-after-the-red-mud-disaster/
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