De nouvelles perspectives pour la Politique agricole commune

18 novembre 2010
La réforme de la Politique agricole commune (PAC) est lancée. Pendant un an et demi, les institutions européennes vont négocier un nouveau modèle d’allocation des aides aux agriculteurs européens pour 2014-2020. La Commission vient de rendre public son pré-projet dans lequel l’environnement, les petits producteurs et la cohésion territoriale prennent une place de choix. C’est un premier pas dans la bonne direction, selon José Bové.
Monsieur Dacian Ciolos, Commissaire européen à l’agriculture, semble prêter plus d’attention à l’avenir de l’agriculture en Europe, et à l’alimentation de 500 millions de consommateurs, que ses prédécesseurs. Le 18 novembre 2010, il a tracé à grands traits la future politique agricole commune autour de trois objectifs : une production alimentaire viable « visant à assurer la sécurité alimentaire » ; une gestion durable des ressources naturelles et la protection du climat ; ainsi que le maintien d’un équilibre territorial et de la diversité des zones rurales.

Une PAC plus « verte » et plus « équitable », le projet est alléchant : « La pratique agricole ne doit pas être l’esclave de la rentabilité à court terme. Elle doit au contraire adopter des modes de production qui préservent l’eau, les sols et la biodiversité », estime José Bové qui se prépare à mener cette bataille législative dès juillet 2011 au sein de la Commission agriculture du Parlement européen. « Dacian Ciolos propose de sortir du modèle historique et inégalitaire de la PAC et de chercher la manière de rééquilibrer la distribution des aides publiques entre les pays et entre les paysans, se réjouit aussi le député Europe Écologie. Le texte mentionne les petites fermes et les circuits courts. La prise en compte de l’échelon local est une évolution importante. »

Solidarité contre compétitivité

Mais il faut rester vigilant car la communication de la Commission demeure floue sur d’autres points très importants de la réforme, comme sa dimension à l’international : « Le texte ne propose pas de rupture avec le modèle exportateur qui est celui de l’UE depuis trop longtemps, explique José Bové. Les subventions à l’exportation ont créé un fort déséquilibre et les pays du Sud sont actuellement victimes de ce ‘dumping’ de l’UE ou des Etats-Unis. Le véritable débat n’est pas celui de la ‘compétitivité’ mais bien celui de la ‘solidarité’. J’espère que nous serons capables d’influencer les négociations en soutenant le principe de souveraineté alimentaire. »

La balle se trouve maintenant dans le camp du Parlement européen. Ces derniers mois, il a déjà montré sa volonté de soutenir une alimentation saine en refusant la viande clonée et l’utilisation de viande agglomérée, et en souhaitant garantir des revenus équitables aux paysans. Quant aux Etats-membres, « ils devront arrêter de taper sur leur calculette pour s’avoir s’ils sortent gagnant ou perdant. La mise en place d’une politique agricole commune européenne ne se résume pas à l’addition d’intérêts nationaux étriqués, conclut José Bové. Elle doit s’inscrire dans une vision globale de solidarité entre nos différents peuples et avec les autres régions de la planète. »

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