Discours prononcé par François Alfonsi, député européen, à Djerba, lors du 6ème Congrès du Congrès Mondial Amazigh

1 octobre 2011
Discours prononcé par François Alfonsi, député européen, à Djerba, lors du 6ème Congrès du Congrès Mondial Amazigh.

Azul ! Salute :

La semaine dernière, je me suis rendu à Zouara, et dans l’Adrar Nefoussa, pour y respirer l’air de la liberté. C’est un sentiment universel, que l’on a ressenti à Berlin quand le mur est tombé, comme à Yefren enfin libérée de 42 ans de dictature fasciste. La liberté, c’est la grande cause qui nous anime, et qui nous unit, de part et d’autre de la Méditerranée, moi militant corse qui me bat par amour de mon pays, et vous, militants amazigh de toute l’Afrique du Nord, qui vous battez pour la liberté de votre peuple.

En Europe, le Parlement Européen dont je suis un des députés est le pilier démocratique de l’Union Européenne. Notre groupe politique, le groupe des écologistes et des régionalistes, à été le premier à inviter officiellement les responsables du Conseil National de Transition libyen, et à demander sa reconnaissance officielle par l’Un ion Européenne. Nous avons été des ardents soutiens pour ceux qui se battaient pour la liberté en Libye, nous qui avons toujours condamné la dictature tyrannique de Kadhafi, et qui avons toujours dénoncé ceux qui pactisaient avec lui.

En tant que député européen, j’ai soutenu la cause du peuple amazigh en créant, juste après mon élection, début 2010, un groupe d’amitié de 12 députés, le friendship amazigh. Nous avons tenu une conférence de presse à Strasbourg durant une session, nous avons tenu une réunion d’information dans les locaux du Parlement Européen à Paris. C’est ce même friendship amazigh qui a pris l’initiative d’inviter à Bruxelles, au moment le plus décisif de la révolte dans l’Adrar Nefoussa, plusieurs responsables, dont M. Ben Khalifa que j’ai eu le plaisir de saluer ici, afin de demander une aide internationale lors des combats alors en cours à la frontière tunisienne.

La liberté qui s’est répandue en Afrique du Nord le printemps dernier est passée par le peuple amazigh en Libye. Ils ont lutté avec courage et clairvoyance pour construire un pays démocratique. Ils auront demain un rôle décisif, et je veux continuer à les soutenir , en tant que député européen avec les autres députés du friendship et ceux de mon groupe, et avec tous ceux qui défendent la liberté des peuples dans le monde.

En France, avec le Congrès Mondial Amazigh, nous sommes regroupés dans une même fédération, Régions et Peuples Solidaires, Corses, Catalans, Bretons, Savoyards, Occitans, Basques, tous nos peuples que la France refuse de rétablir dans leurs droits historiques et culturels. CMA s’est joint à nous et nous avons encore renforcé nos liens lors de notre dernier Congrès le mois dernier. Certes, nous ne sortons pas de 42 années de dictature, mais notre combat est d’une même nature que le vôtre, et notre union est essentielle pour l’avenir, pour devenir, tous ensemble, progressivement, une force qui compte.

La cause amazigh, et c’est pour cela que je me mobilise, est pour moi un paramètre essentiel pour l’avenir de la Méditerranée, et des 500 millions d’habitants qui en habitent les rivages, au nord comme au sud. Ce n’est pas le seul critère bien sûr. Il y a les droits démocratiques, le droit à des élections libres et non faussées, le droit à une justice indépendante, le droit à une presse libre. Il y a aussi les droits des femmes, qui, pour notre groupe, est une priorité. Et il y a aussi, au même rang, le droit des peuples à la liberté. Le droit du peuple amazigh à la liberté, à la reconnaissance de sa langue, de sa culture, de son histoire, ce droit est tout aussi important politiquement vis à vis du nord de l’Afrique que celui des Tibétains en Chine.

Tous ceux qui aiment la liberté en Europe se doivent d’être aux côtés du peuple amazigh, pour que la future constitution libyenne lui reconnaisse ses droits, pour qu’en Tunisie aussi ce soit le cas, pour qu’en Algérie enfin le printemps berbère fleurisse à nouveau, et pour qu’au Maroc le drapeau amazigh flotte demain aussi fièrement qu’il flotte aujourd’hui en Libye.

La diaspora amazigh est nombreuse et fière de ses racines. Je retrouve là bien des points communs avec la diaspora corse. Son rôle peut être capital. En France où elle est très présente, nous voulons, avec les organisations de RPS, avec les écologistes d’Europe Écologie dont un éminent représentant, Patrick Farbiaz, m’a accompagné dans ce voyage, coopérer avec elle et construire un réseau de solidarité et d’entraide. Nous travaillerons à faire connaître les constitutions européennes qui respectent le mieux les droits des peuples pour que nos mais libyens puissent s’en inspirer. Ce n’est certainement pas la France qui servira de modèle ! Mais plutôt la Finlande ou la Norvège. Notre candidate à l’élection présidentielle, Éva Joly, a déjà pris très fortement position pour le peuple amazigh. Très prochainement, j’organiserai avec elle une nouvelle réunion de soutien dans les locaux du Parlement Européen à Paris.

Chers amis, cari amichi,
vous êtes en train d’ouvrir les routes de l’avenir pour votre peuple, une route de liberté, de dignité et de solidarité. Je salue votre combat. Je salue les représentants, et les représentantes, de Yefren, de Zouara, de l’Adrar Nefoussa, et tous les amazigh de Libye. Votre manifestation de la semaine dernière à Tripoli a été magnifique ! Votre victoire sera celle de la démocratie. Tant que les amazigh seront à l’avant garde du combat démocratique, ils seront forts et respectés par tous.
Aussi, soyez les défenseurs de tous les instants de la démocratie, de la liberté, des droits des femmes, de la justice. C’est en portant ces valeurs que vous vous unirez, et que nous obtiendrons, tous ensemble, la liberté pour le peuple amazigh en Libye, et pour tout le peuple amazigh dans l’ensemble de l’Afrique du Nord.

François ALFONSI

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