L’été de toutes les crises ?

26 juillet 2012
Le sommet européen des 28 et 29 juin derniers avait permis à l’Europe de souffler et d’entrer dans la trêve estivale à peu près rassérénée. Mais les semaines qui ont suivi ont douché l’optimisme des premiers temps, et l’Espagne n’arrive pas à sortir de son bourbier économique et social.
Où en est-on de l’interminable feuilleton de la crise économique européenne ?
En Grèce, la situation ne tient qu’à un fil, celui que les électeurs grecs, en se rendant deux fois aux urnes, ont préservé en désignant un gouvernement acceptant les engagements pris qui conditionnent l’intervention du Fonds européen de stabilité financière. Mais accepter des engagements est une chose, les tenir en est une autre. Et la « troïka », cet attelage d’experts de l’Europe, du FMI et de la Banque Centrale Européenne, qui doit se rendre en Grèce pour le vérifier, ne semble pas très optimiste. Si ses conclusions sont négatives, que se passera-t-il ? Car sans l’octroi d’un nouveau prêt par ses partenaires européens, l’État grec ne pourra plus payer ses fonctionnaires !
Par ailleurs, l’Espagne menace de couler à son tour, trois ans après la Grèce. Ses appels de fonds sur le marché financier se fait à des taux très élevés (plus de 7%), et comme la Grèce qui emprunterait sur les marchés à plus de 20%, elle n’aura bientôt d’autre solution que d’emprunter au Fonds Européen de Stabilité. Mais la bouée de sauvetage décidée par le sommet européen de juin ne lui a toujours pas été lancée. En effet, l’accord trouvé à Bruxelles -soutien direct de 100 milliards aux banques espagnoles, pour dégager l’État espagnol et lui permettre de continuer à se financer directement sur les marchés- connait des ratés, en Finlande, en Hollande, où sa ratification, et donc son application, sont remises en cause, et en Allemagne où sa ratification, obtenue devant le Bundestag, a été déférée devant la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe par la gauche communiste, ce qui retarde, et risque peut-être de faire capoter, le sauvetage de l’économie espagnole qui a besoin d’une intervention d’urgence. Ces ratés se répercutent sur les bourses européennes, qui,elles, ne partent pas en vacances, et un vent d’inquiétude réelle se fait sentir.

Car, en passant de la Grèce à l’Espagne, la crise européenne change d’échelle, et le Fonds Européen de Stabilité Financière mis en place dans un premier temps pour secourir la Grèce, l’Irlande et le Portugal, complété depuis par le Mécanisme Européen de Stabilité, risque bien de ne pas suffire à faire face, surtout si l’Italie décroche à son tour. En effet les sommes affichées sont en partie fictives : que valent en effet les 3% apportés par la Grèce, ou encore les 12% apportés par l’Espagne dans la mesure où ce fonds européen est créé pour les soutenir et non les ponctionner ? Ce sont toutes ces questions qui sont posées aujourd’hui et qui se traduisent par l’effondrement des bourses européennes.

En fait ce qui préoccupe le plus c’est l’incapacité des économies européennes à trouver un nouveau dynamisme économique, y compris pour ce qui concerne sa zone la plus forte. Toutes les prévisions sont régulièrement revues à la baisse, et laissent les dirigeants des différents pays concernés impuissants face à la dégradation de leurs comptes. La France est particulièrement concernée dont le solde du commerce extérieur est dramatiquement négatif, tandis que ses comptes publics sont très déficitaires.
Dans ce contexte, la politique de François Hollande risque fort de ne pas avoir de bien meilleurs résultats que celle de son prédécesseur. Certes le discours porté lors du sommet de Bruxelles par le Président français nouvellement élu, en écho aux demandes de l’Espagne et de l’Italie, a permis de dégager un accord novateur. Mais au moment de son application, les difficultés rencontrées sont nombreuses, et compliquées par les faux débats que le contexte électoral a suscité. Ainsi, la gauche française, sous l’impulsion du Front de Gauche et de l’ensemble de ses composantes anti-européennes, a pris des positions démagogiques sur le Mécanisme Européen de Stabilité, car il est lié au TSCG, sigle abscons d’un traité connu sous son appellation de « règle d’or », qui consiste à imposer au niveau européen le respect de normes de gestion restrictives en matière de dette publique. Certes, une telle règle d’or entérine des politiques de rigueur qui sont anti-sociales, mais peut-on pour autant refuser de mettre en place la bouée de sauvetage du MES alors que l’Espagne est en train de se noyer ?

Car la crise, si elle s’aggrave encore, aurait des conséquences politiques incalculables.

François ALFONSI

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