La Commission doit desserrer l’étau pour permettre aux États d’investir dans leur jeunesse

27 mars 2015
La Cour des comptes européenne vient de publier son premier rapport (1) sur la mise en œuvre de la Garantie jeunesse par les États membres. Ce dispositif qui existe déjà depuis plusieurs dizaines d’années en Suède ou au Danemark est somme toute assez simple. Il consiste à offrir à tous les Européen-nes de moins de 25 ans, dans les quatre mois après leur inscription au chômage ou après être sorti du système éducatif, une opportunité d’emploi, de formation ou d’éducation. L’initiative européenne vise en priorité les régions où le chômage des jeunes est supérieur à 25%, mais incite fortement les États membres à l’étendre à l’ensemble de leurs territoires. Mais plus d’un an après son lancement, le constat de la Cour des comptes est sans appel: les moyens financiers et humains sont largement insuffisants, et pas un seul emploi n’a été créé grâce à ce dispositif.

Pour Karima DELLI, députée européenne membre de la commission Emploi et Affaires sociales au Parlement européen:

« Plus de 14 millions de jeunes européens sont aujourd’hui sans emploi, sans formation ni éducation. C’est plus que la population de la Belgique! Doit-on vraiment sacrifier toute une génération pour un pseudo-dixième de croissance en plus? C’est pourquoi les écologistes ont proposé dès 2010 la mise en place d’une Garantie jeunesse au niveau européen. Malheureusement avec un budget européen ne dépassant pas les 1% de son PIB, l’Union européenne ne peut pas faire beaucoup plus que d’inciter les États membres à mettre en place cette garantie.

Et c’est là que le bât blesse. Car depuis un an, il semblerait que les États n’aient pas fait grand-chose! En France, le gouvernement avait d’abord choisi de limiter sa mise en œuvre à 10 territoires expérimentaux. Il l’a récemment élargi à 61 nouveaux territoires, dont le Nord-Pas-de-Calais, c’est une très bonne nouvelle! Mais sur les 100 départements français (hors Mayotte), 28 seront encore laissés de côté d’ici la fin de l’année. Pour quelle raison?

La Commission européenne a aussi sa part de responsabilité. En continuant d’imposer ses politiques d’austérité stériles aux conséquences sociales désastreuses, elle empêche les Etats d’investir dans les services publics pour l’emploi ou les systèmes d’éducation et de formation qui sont au cœur d’une stratégie efficace pour lutter contre le chômage des jeunes. Pourquoi ne pas exclure par exemple des critères des 3% de déficit public le volet national de cette Garantie jeunesse? Plutôt que de rafistoler à droite et à gauche, il est grand temps que la Commission et les États membres changent de logiciel économique, et mettent au cœur de leur stratégie de développement des objectifs sociaux et environnementaux pour une prospérité durable et partagée. »

(1) http://www.eca.europa.eu/Lists/ECADocuments/INSR15_03/INSR15_03_FR.pdf

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