Le préfet de la honte

16 septembre 2009
On a beau être préfet, on n’est pas pour autant obligé de se conduire en barbare. Ce n’est pas l’opinion de M.Stéfanini, préfet du Puy-de-Dôme. Droit dans ses bottes et impavide sous sa casquette, ce représentant de l’Etat a décidé d’expulser une famille de ressortissants chinois – M.Tang et Mme Zhou et leurs deux enfants en bas âge – qui, depuis plusieurs années, ont fait souche à Clermont-Ferrand et qui, comme n’importe quel autochtone, y exercent une activité honorable (le métier de restaurateur en l’occurrence).
Ce cas d’expulsion d’une famille étrangère en situation irrégulière vis-à-vis de la loi mais pas de la morale et de la vie – des hommes et des femmes que l’on pousse violemment à la porte alors qu’ils ont fait leurs preuves sur notre territoire et qu’ils n’aspirent à rien d’autre qu’à être des citoyens normaux – serait dramatiquement banal s’il ne s’accompagnait d’une condition extravagante : M.Stefanini veut expulser les deux parents en Chine et garder les deux enfants en France en prononçant « une délégation de l’autorité parentale », autrement dit en privant les parents de leur autorité naturelle et légale et en confiant celle-ci à l’Etat français. Il argue pour cela que les autorités chinoises ne veulent pas des enfants qui sont nés en France. Sans barguigner, il s’apprête donc à séparer deux gamins de leur père et de leur mère, commettant ainsi un acte d’une totale inhumanité.

Si M.Stefanini persévère dans cette atteinte aux droits humains élémentaires en brisant une famille, avec toutes les conséquences désastreuses pour deux enfants âgés d’un an et de quatre ans, soudainement ravalés au rang d’orphelin par diktat administratif, s’il n’entend pas la voix du coeur et de la raison, il doit savoir que, tout préfet qu’il est, il contrevient gravement à la loi.

A l’article 3 de la Convention internationale des enfants, dont la France est signataire ( « L’intérêt de l’enfant doit être une considération primordiale (…) et les Etats parties s’engagent à assurer à l’enfant la protection et les soins nécessaires à son bien-être ») ainsi qu’à l’article 8 de la Convention européenne des Droits de l’homme dont la France est également signataire (« Toute personne a droit au respect de sa vie privée et familiale (…) il ne peut y avoir ingérence d’une autorité publique dans l’exercice de ce droit »).
M.Stefanini qui dit agir pour l’application du droit ne peut s’abstraire de ce même droit.

De nombreuses personnalités, élus et organisations se mobilisent dans la région pour faire obstacle à ce déni d’humanité. Une pétition est signée massivement. En tant qu’élu européen de cette région, je m’associe à cette large protestation et aux manifestations qui s’organisent. J’invite tous les citoyens à faire entendre l’insurrection de leur conscience.

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