Le texte fantôme et les petits arrangements entre amis

17 décembre 2009
Hier à Copenhague, le grand jeu des observateurs et des négociateurs aura été d’essayer de savoir sur la base de quel texte les chefs d’Etat vont négocier à partir d’aujourd’hui ! Celui préparé par les groupes de travail des négociateurs? Ou le texte – fantôme – des Danois qui président cette conférence ? Fantôme car les Danois ont démenti longtemps son existence…

Ce petit jeu n’a pas fait rire de nombreux pays, surtout en développement, qui ont critiqué le manque de transparence du processus de négociation. Résultat : une journée de perdue. Les Chefs d’Etat arrivent, et on ne savait toujours pas ce matin sur la base de quel texte ils vont discuter. Les choses viennent d’être tranchées : le texte fantôme restera dans le placard.

Quoiqu’il en soit, il était temps que les Chefs d’Etat arrivent. Et règlent les points durs de la négociation. Objectif de réduction des émissions des pays riches. Transparence des engagements des pays en développement. Aide financière de long terme. Et bien sûr la nature juridique de l’accord.

Peuvent-ils se mettre d’accord sur tous ces points ? C’est encore possible même si les déclarations pessimistes se multiplient. Les américains viennent d’annoncer qu’ils étaient prêts à accepter un chiffre indicatif des financements de long terme pour les pays du Sud de l’ordre de 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. Un pas en avant important, voire une belle mise en scène quand on sait que les négociateurs américains s’y opposaient férocement il y a encore quelques jours…

Mais une crainte grandit : les pays riches pourraient s’engager sur des réductions d’émissions… vides de sens ! Des réductions qui, collectivement, pourraient s’approcher de la plus faible des recommandations des scientifiques, mais qui seraient par la suite remises en cause par des choix méthodologiques désastreux : une comptabilisation faussée des émissions liées aux sols et aux forêts ; l’utilisation jusqu’en 2020 des fausses réductions d’émission dans les ex-pays soviétiques dues à leur effondrement économique au début des années 90 ; l’utilisation d’un marché carbone international avec des règles non renforcées. Les émissions des pays riches pourraient ainsi continuer à augmenter jusqu’en 2020, tout en faisant croire l’inverse à la communauté internationale !

Il s’agit de points suffisamment techniques pour qu’ils passent inaperçus, permettant ainsi aux Chefs d’Etat de faire une belle photo de famille à Copenhague sur le mode : « nous avons sauvé le monde ». L’année prochaine, le monde regardera ailleurs et on pourra s’arranger entre amis.

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