Négociation climatique recherche leadership désespérément

31 mai 2017
Les atermoiements de Trump face à l’accord de Paris semblaient ne jamais finir. La décision, qui devait être annoncée le 9 mai lors des négociations de préparation de la COP23 à Bonn avait été repoussée au G7, puis à l’après-G7. Les États-Unis vont-ils, ou non, sortir de l’accord de Paris sur le climat ? Après des semaines de suspense insupportable, le Président américain climatosceptique fait le mauvais pari : le second pollueur mondial (5,4 milliards de tonnes émises en 2015 soit 15% des émissions mondiales) sort de l’accord.
 
Au nom d’intérêts anachroniques, Trump prend donc le risque de plonger les Etats-Unis et l’ensemble de l’humanité dans le chaos climatique. Il va jeter des millions de dollars d’argent public pour subventionner des énergies fossiles, dont le charbon quand la protection du climat lui aurait permis de redynamiser durablement l’économie américaine et créer des emplois. Pour Yannick JADOT, député européen et porte-parole climat du groupe des Verts/ALE  » la décision du président américain est grave. Elle démontre toute l’emprise d’une idélogogie économique délétère et obsolète sur Donald Trump. Même un grand pays pollueur comme la Chine a compris que son développement économique ne peut se faire au détriment de l’environnement voire même que son essor dépendra directement de ses performances dans la lutte contre la dégradation climatique ».

La communauté internationale doit se préparer à des années difficiles avec deux climato-sceptiques à la tête de deux grands états pollueurs : les États-Unis et la Russie, dont le déni climatique doit moins à des doutes scientifiques qu’à la défense acharnée des énergies fossiles pétrole, gaz et charbon. Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris aura des conséquences indéniables sur la dynamique de la négociation comme sur les financements au bénéfice des pays du Sud. Le risque le plus grand étant que la négociation internationale laisse la place à la mise en scène des actions salutaires engagées par les acteurs non-étatiques : collectivités locales, entreprises, associations, citoyens… Si salutaires soient-elles, y compris aux États-Unis, ces actions ne sont pas en mesure aujourd’hui d’infléchir suffisamment la tendance actuelle à un réchauffement de 3 à 4°C de la planète, tel qu’il résulte de la faiblesse des engagements étatiques pris à Paris.

Face à cette décision historiquement irresponsable du Président Trump, le moment est venu pour l’Union européenne de sortir de son rôle de « partenaire stable » en réoccupant sa position de leadership en matière de négociations climatiques internationales, en collaboration étroite avec la Chine. Elle seule a la capacité d’engager une dynamique de négociation ambitieuse, aussi bien au niveau des engagements financiers en faveur des pays du Sud, que la hausse des ambitions des États dès 2018 et l’importance de financer l’adaptation et l’atténuation avec la même exigence. Gage de son engagement, l’UE doit non seulement rehausser significativement ses propres objectifs climatiques et de transition énergétique pour 2020, 2030 et 2050 mais doit dorénavant envisager la mise en place d’un régime de sanctions carbone vis à vis des Etats-Unis.

« Le rôle de la France sera clé » estime Yannick JADOT.« Première occasion pour Emmanuel Macron, Président fraîchement élu, de prouver sa volonté d’une diplomatie forte pour la France, dont l’une des réalisations principales de ces dernières années est menacée ». Un test aussi pour les objectifs nationaux en la matière alors que la France est à la peine dans la réalisation de ses objectifs en matière d’énergie renouvelable pour 2020. La négociation internationale des États n’est pas une foire des actions engagées par d’autres ni une succession de discours emphatiques mais creux. Seules les politiques nationales et européennes en sont les garants.

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