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Nicolas Sarkozy très fragilisé

27 septembre 2011
Nicolas Sarkozy est dans de sales draps. La perte du Sénat par la droite confirme le rejet de ses choix politiques internes, notamment la réforme des collectivités locales, tandis que les « affaires » dégagent désormais des odeurs pestilentielles dans son entourage le plus immédiat. Les électeurs comprennent chaque jour davantage à quel point une dérive mafieuse s’est installée au sommet de l’État. Nombreux sont ceux qui voudront y mettre en terme à l’occasion des présidentielles 2012. C’est même là le risque principal pour le candidat Sarkozy.
Entre l’affaire Woerth-Bettencourt et l’affaire de Karachi, il y a d’abord une « différence de deux zéros », ce qui n’est pas rien : pour la première on parlait en centaines de milliers d’euros, pour la seconde il s’agit de dizaines de millions d’euros, c’est à dire cent fois plus. S’y ajoutent 11 cadavres d’agents de la construction navale tués dans un attentat-carnage à Karachi il y a neuf ans, et quelques cadavres exquis que l’on découvre au fil des livres d’enquête qui paraissent désormais. La mafiosisation du pouvoir, déjà très sensible sous Mitterrand (affaire Elf/Roland Dumas), largement développée sous Chirac et Villepin, a encore largement prospéré sous Sarkozy.
Ainsi, dans le cas de Liliane Bettencourt on a appris par une ancienne comptable bien informée que des « enveloppes de 150.000 euros » étaient complaisamment mises à la disposition des hommes politiques pour financer leur élection. La contrepartie était la bienveillance des futurs gouvernants quant aux entorses fiscales réalisées par les gestionnaires de fortune, que l’on a découvertes, dans le cas de Liliane Bettencourt, sous la forme d’une île paradisiaque non déclarée au fisc, tout comme quelques comptes suisses « oubliés » dans les déclarations et sur lesquels l’administration fiscale a très longtemps fermé les yeux, grâce à l’entregent de ceux que l’on avait pris soin d’arroser par des enveloppes bien garnies. Le summum du système a été atteint par Eric Woerth, d’abord trésorier de l’UMP en campagne, puis ministre du budget et toujours trésorier de l’UMP arrivée au pouvoir. On n’est jamais si bien servi que par soi-même !

Mais Eric Woerth n’était qu’un artisan dans ce système de corruption installé au sommet de l’État. Dans l’affaire de Karachi, on fait connaissance avec les « capitaines » de cette industrie mafieuse, fondée sur le détournement des fonds de l’État dans une valse de dizaines de millions d’euros de commissions et de rétrocommissions sur les marchés des ventes d’armes ou du pétrole africain, avec deux clans qui s’affrontent par voyous/intermédiaires interposés, Ziad Takhedine pour le clan Balladur/Pasqua/Sarkozy, en première ligne dans l’affaire de Karachi, Alexandre Djouhri de l’autre, voyou du 9-3 dans la région parisienne à l’ascension fulgurante aux côtés de Dominique de Villepin alors secrétaire général de Jacques Chirac à l’Elysée. Aux révélations visant Sarkozy sur les rétrocommissions en formes de valises pleines de coupures de 500 francs alimentant le compte de campagne de Balladur candidat à la Présidence de la République en 1995 et dont Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget, était directeur de campagne, répondent les « aveux spontanés » de Pierre Bourgi, ponte de la Françafrique, racontant la valse des valises – ou même des tam-tam- remplis de billets et portés en mains propres par ses soins à Jacques Chirac et Dominique de Villepin de la part des pires dictateurs africains. Puis les femmes répudiées/divorcées rentrent dans la danse, décrivant par le menu leurs ex-maris, intimes de Nicolas Sarkozy, gagnant la Suisse via Londres (« pour éviter les contrôles aux frontières ») afin de retirer des valises de liquide en faveur de la campagne Balladur. Bref le feuilleton devient de plus en plus haletant, et le rythme ne devrait pas faiblir dans les mois à venir.
Aussi, les pronostics de la présidentielle sont de plus en plus favorables à la gauche. Les éclaboussures de l’affaire Guerini seront peu de choses à côté de la boue qui se répand sur l’UMP au plus haut niveau avec l’affaire de Karachi et les remugles de la Françafrique.

En remportant le Sénat, l’opposition a par ailleurs démontré à quel point l’édifice du pouvoir sarkozien est lézardé. Avec les « bombes médiatiques » que les affaires de corruption font exploser à intervalles réguliers, il ne peut que se lézarder davantage. Il menace même de s’effondrer. A sept mois du scrutin, Nicolas Sarkozy est très fragilisé.

François ALFONSI

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