Perturbateurs endocriniens : la stratégie européenne aux oubliettes

13 décembre 2013
La Commission européenne n’adoptera de cadre réglementaire sur les perturbateurs endocriniens d’ici la fin 2013. Contre toute attente, elle ne tiendra pas son engagement d’établir une définition et des critères d’identification et d’évaluation de ces substances susceptibles d’interférer sur la régulation hormonale des êtres vivants. Communiqué de Michèle Rivasi, eurodéputée EELV.
Pour Michèle Rivasi, députée européenne EELV :

« La Commission européenne ne respecte pas ses propres engagements et se fiche éperdument de la position du Parlement européen, pourtant la seule institution européenne qui représente la voix des citoyens européens. Une fois de plus, le lobby de l’industrie pétro-chimique est passé à l’action. Sous ses pressions, la Commission européenne, malgré des dissensions internes, a choisi de lancer une « évaluation des impacts économiques » préalable à l’élaboration des critères qui seront utilisés pour l’encadrement règlementaire des perturbateurs endocriniens.

Cela signifie clairement l’abandon de toute réglementation claire, protectrice des consommateurs car les critères, qui devraient être uniquement scientifiques, seront parasités par des enjeux purement économiques. Pire, contrairement à ce que le Parlement européen demandait dans le rapport Westlund, de tels critères risquent d’être différents selon le domaine réglementaire (cosmétiques, pesticides, jouets…). J’avais interpellé M. Barroso à ce sujet en octobre, mais à ce jour je n’ai toujours pas obtenu de réponse.

Le fait de retarder la définition des critères signifie que pendant ce temps, les négociations totalement anti-démocratiques sur l’accord de commerce UE-USA dit « TTIP » ou « TAFTA », qui a pour but d’anéantir les barrières non tarifaires au commerce (normes sanitaires et environnementales dont le règlement REACH sur les produits chimiques) peuvent avancer et même remettre en cause le règlement REACH grâce auquel l’UE s’était montrée pionnière en matière d’encadrement des substances chimiques.

Résultat, l’Union européenne risque de ne plus avoir le moindre critère à négocier avec les Etats-Unis : cela laisse la porte ouverte à une approche basée sur le risque et non sur le danger comme nous le demandons… Les propositions de ce traité, qui sacrifient la santé publique et la souveraineté des Etats sur l’autel du profit, ne serviront pas les intérêts des consommateurs ou du public, mais ceux de l’agro-industrie avant tout. Il est donc urgent de dénoncer ce retard inacceptable, d’alerter l’opinion publique et d’encourager des actions de la société civile et des politiques contre le sabotage et l’instrumentalisation de la science qui se tient actuellement. »

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