Pourquoi les producteurs de lait en viennent à suspendre les livraisons et, dans une urgence ultime, à jeter le fruit de leur travail

15 septembre 2009
Depuis des mois, le prix du lait payé aux éleveurs laitiers est parti dans une spirale infernale à la baisse qui les enfonce dans des situations financières insupportables.

Après quelques mois d’augmentation en 2007, à la suite d’augmentation inutile des volumes livrés en France et en Europe et d’augmentation de production dans d’autres grands bassins laitiers mondiaux (Nouvelle-Zélande entre autres), les excédents de produits « industriels -beurre et poudre de lait – ont de nouveau encombré les marchés faisant chuter drastiquement le prix payé aux producteurs.

A ce niveau de paiement largement en dessous des coûts de production, les éleveuses et éleveurs de lait ne peuvent faire face aux charges d’exploitation, pas plus qu’à leur rémunération. Devant nombre d’entre eux, se profile la faillite possible et à terme un abandon du métier.

C’est dans ce contexte que l’UE – Commission et Conseil conjointement – a confirmé une augmentation des volumes produits de 5% d’ici à 2013 pour répondre à une prétendue hausse de la demande européenne et mondiale pour aboutir à l’abandon des quotas pour 2015 avec un prétendu atterrissage en douceur pour les paysans.

Au pays de la contradiction, les borgnes sont rois.

Tout démontre aujourd’hui qu’il faut continuer à maîtriser les volumes produits entre pays et entre producteurs avec une attention particulière pour les petits et moyens producteurs de lait. En aucun cas, le marché seul ne pourra réguler. Au contraire, il accentuera la concurrence sauvage sur le terrain et les « licenciements » de fait des paysannes et des paysans avec les conséquences néfastes sociales et environnementales que l’on connaît pour l’emploi et les territoires.

La Commission a persisté pendant toutes les dernières semaines à ne pas entendre la revendication de maîtrise et répartition des volumes par le maintien des quotas. Elle a utilisé et veut encore utiliser les vieilles recettes éculées des aides à l’exportation pour le beurre et la poudre en faisant fi des conséquences pour les agricultures des pays du Sud.

Aujourd’hui Il n’y a pas trop de producteurs de lait, mais trop de lait dans certaines cuves.

Pour nous, l’Union Européenne doit produire moins de lait et mieux.

· En baissant le quota de manière différenciée entre producteurs

· En adaptant les modes de production vers une production moins intensive : la diminution de notre dépendance en soja importé et l’utilisation de fourrages et protéines végétales locales est un impératif vis-à-vis du climat, de l’énergie, de la biodiversité.

Depuis vendredi, les producteurs sont en action par la grève des livraisons, les blocages de collectes et d’usine de déshydratation qui font la poudre de lait, par des dons de lait pour éviter au maximum de jeter leur lait; la mobilisation monte

C’est pourquoi José Bové en session au Parlement européen a entamé le 14 septembre 2009 un jeûne de soutien et de solidarité pour interpeller encore plus concrètement la Commission, le Conseil et les groupes politiques du Parlement qui soutiennent encore les exportations d’excédents laitiers pendant les débats qui auront lieu le jeudi 17 septembre sur les aides et les réponses à la crise laitière.

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