Que de chemin parcouru !

19 juin 2012
2007-2012 : en l’espace d’une mandature de cinq ans, le « paysage politique » de la Corse s’est radicalement modifié. Avec Femu a Corsica, nous avons franchi un seuil de croissance pour le mouvement nationaliste. Doit venir maintenant le temps de la maturité politique pour remporter demain les victoires les plus décisives.
En mars 2007, lors des dernières élections législatives, trois circonscriptions sur quatre étaient encore représentées par des candidats d’Unione Naziunale, la « grande union » des nationalistes mise en place lors des territoriales de 2004 à travers la liste conduite par Edmond Simeoni. En fait, dès l’été 2007, lors des Ghjurnate Internaziunale di Corti, Unione Naziunale disparaissait définitivement, la composante « LLN » menée par Jean Guy Talamoni dénonçant cette alliance qui battait de l’aile.

La recomposition qui s’en est suivi vient de connaître son premier aboutissement avec ces élections législatives 2012.

Première étape, les municipales de 2008 qui ont mis en scène deux dynamiques locales dont on sait aujourd’hui l’importance particulière : Portivechju et Bastia. A Portivechju, ce fut une confirmation, car Jean Christophe Angelini avait formé auparavant Portivechju Altrimenti, la démarche municipale qui, déjà, lui avait permis de menacer Camille de Rocca Serra. Ce dernier, réélu dans une triangulaire grâce au maintien d’une gauche ultra-minoritaire (48% Rocca-Serra, 44% Angelini et 8% PC-PS), a ainsi vacillé une première fois lors de ces municipales. A Bastia, la liste Inseme per Bastia conduite par Gilles Simeoni a réussi de son côté une percée remarquable, au dessus de 20%, rassemblant trois fois plus de voix que celle de Jean Guy Talamoni, et permettant l’émergence d’une alternative au clan Zuccarelli ultra-dominant sur la ville.
Lors de l’élection européenne de 2009, la montée en puissance du « nationalisme modéré », selon l’expression qui s’est finalement imposée, a connu une nouvelle étape avec l’élection d’un député européen rassemblant 24% des voix sur la liste Europe Ecologie, son meilleur score hexagonal, tandis que la « LLN » se manifestait à travers la candidature d’Alain Mosconi, qui obtenait 8% sur la liste NPA du médiatique Olivier Besancenot, alors au firmament politique français. Le « nationalisme modéré » démontrait alors son potentiel électoral, et sa capacité à réussir l’élection d’un député.
L’élection territoriale de 2010 était le test le plus attendu de ce processus, au bout de deux ans. En mettant sur pied Femu a Corsica, au terme d’un débat interne difficile qui s’est poursuivi jusqu’à fin janvier pour des élections qui ont eu lieu en mars, PNC, Inseme per Bastia et Chjama Naziunale ont réussi leur pari. Avec 18,4% des voix au premier tour, puis 26% au second tour, Femu a Corsica a été un véritable coup de tonnerre. Ses 11 élus à la Collectivité Territoriale de Corse animent depuis la vie politique insulaire, et l’élection en mars 2011 de Jean Christophe Angelini comme Conseiller Général de Portivechju a continué de marquer une progression ininterrompue.
Les législatives 2012 sont donc venues valider et amplifier ce parcours de cinq années. Bastia et Portivechju, à nouveau, ont apporté la démonstration de l’importance d’avoir des démarches locales organisées selon des principes d’ouverture et en s’élargissant à l’ensemble des forces de changement. A Aiacciu, et dans les différentes régions rassemblées par la circonscription de Corti (Balagna, Corti, Plaine, Casinca,…) leur absence a été constatée par des scores très en deçà de ceux des deux circonscription-phares de Femu a Corsica où nos candidats ont largement franchi les 20% dès le premier tour, faisant bien mieux qu’en mars 2010 alors que les élections territoriales nous sont en général bien plus favorables. Grâce à ce nouveau bond en avant, nous voilà présents au second tour, à seulement 6 ou 7% du vainqueur (47%/53% à Portivechju, 31%/38% à Bastia, deuxièmes de la triangulaire).
En cinq années donc, que de chemin parcouru ! Certes, nous n’avons pas réussi l’élection d’un député comme nous l’avons rêvé durant toute cette campagne. Mais il n’y a pas de déception à avoir tant le résultat est encourageant. Il est encourageant par le score, mais il est aussi encourageant par les perspectives politiques qu’il ouvre. A noter d’abord, pour s’en féliciter, le très bon report de voix de Corsica Libera : cela ouvre une possibilité nouvelle pour la recomposition globale du camp nationaliste. Un dialogue a été engagé, il doit continuer.

Autre point positif : la barrière psychologique pour des reports de voix en faveur d’un candidat nationaliste s’est largement estompée. C’est particulièrement sensible dans la circonscription de Portivechju où le « front républicain » préconisé sottu voce par certains dirigeants de la gauche insulaire n’a pas fonctionné, notamment dans le canton ajaccien qui lui est rattaché, où Jean Christophe Angelini l’emporte avec près 55% des voix au second tour, malgré un score de premier tour en dessous de son score global sur la circonscription.

Et enfin, il reste l’essentiel à faire : placer le mouvement nationaliste au centre des évolutions à venir pour la Corse, lors de tous les débats qui vont désormais occuper la vie politique : futur statut de la Corse, projet de développement à adosser aux futures programmations pluri-annuelles européennes, Padduc, etc….

Pour cela, Femu a Corsica devra réfléchir en profondeur sur son action politique à venir. Un route nouvelle est à tracer, et à suivre.

François ALFONSI

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