Secret des affaires : retiré de la loi Macron, il est en discussion au Parlement européen

Retiré le 30 janvier dernier de la loi Macron, l’amendement sur le secret des affaires pourrait bien refaire surface par le biais du Parlement européen. Selon Pascal Durand et Michèle Rivasi, députés européens EELV, sans une forte mobilisation de la société civile, cette directive restera entre les seules mains des techniciens. Explications.
Tribune de Michèle Rivasi et Pascal Durand publiée sur le Plus de l’Obs le 25 mars 2015:

Les cris de joie qui ont accompagné en fanfare le retrait dans la loi Macron des dispositions concernant le secret des affaires ressemblent fort à une victoire à la Pyrrhus.

Un amendement introduit en catimini

La mobilisation très rapide de tout ce que la France compte, ou presque, de défenseurs des libertés publiques, des lanceurs d’alerte, de la liberté de la presse et du droit social, a permis de faire reculer le gouvernement sur un amendement introduit nuitamment en catimini sans consultation préalable.

Pour autant, une directive – certes moins dangereuse car sans sanctions pénales – est actuellement en discussion au Parlement européen et porte sur les mêmes sujets.

Il est courant en France de négliger, voire de mépriser, la législation européenne qui pourtant s’applique dans les États-membres. Il serait pourtant sage que la société civile française se saisisse sérieusement de ce dossier européen a fortiori lorsqu’il intervient en parallèle de la négociation du Traité transatlantique.

Ce texte a normalement pour seul objet de protéger les PME des pillages de leur savoir-faire dont elles seraient les victimes sans défense, face à des prédateurs sans scrupules.

La réalité semble bien plus triviale et sous couvert de « défendre » ces entreprises, ce sont des pans entiers de la réglementation et de la législation européenne et française qui risquent d’être mis à mal.

Une définition trop large du secret des affaires

Première inquiétude, la définition beaucoup trop large du secret des affaires, qui peut viser tout et n’importe quoi, aussi bien dans la production, que la commercialisation ou le service apporté.

Seconde inquiétude qui en découle, si la définition est trop large, les exceptions sont, elles, bien trop restreintes. Ainsi, l’absence de prise en compte de mesures protégeant expressément les lanceurs d’alerte ou encore les salariés qui dénonceraient un fait confidentiel ou prétendu tel, alors que l’intérêt général impose parfois cette divulgation pour la protection de la santé, de l’environnement ou des libertés publiques.

Rappelons l’utilité publique de la dénonciation des scandales sanitaires ou plus récemment, celle du LuxLeaks. Ces révélations ont permis à des millions de citoyens européens de prendre conscience de l’ampleur de l’évasion fiscale en Europe et ont contraint la Commission européenne à réagir. Cependant, elles valent à son auteur d’être actuellement poursuivi au titre de la violation du secret des affaires.

Par ailleurs, la liberté de la presse, la possibilité d’enquêter, de divulguer et d’informer sans être poursuivi sont les conditions essentielles d’un État de droit, de même que l’est la liberté pour un salarié de changer d’emploi sans craindre des chantages ou des poursuites.

La suite sur Le Plus de l’Obs

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