Sommet européen Climat-Énergie: les dirigeants européens commettent une triple faute: écologique, économique et stratégique

24 octobre 2014
Suite au sommet des 28 chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles sur le climat cette nuit qui est arrivé à un accord présenté comme « ambitieux », Philippe Lamberts, co-président du groupe des Verts/ALE au Parlement européen a tenu à rappeler quelques vérités:

Commentant l’issue du Sommet des chefs d’État et de gouvernement sur le climat, Philippe Lamberts, coprésident du Groupe des Verts/ALE au Parlement européen a estimé que:

« En mars 2014, le Parlement Européen s’était prononcé en faveur d’objectifs sérieux et contraignants en termes de réduction des émissions de CO2 (-40%), de part des énergies renouvelables dans notre mix énergétique (30%) et d’amélioration de notre efficacité énergétique (+40%), lesquels permettaient à l’Europe de rester à la pointe dans sa réponse au défi climat/énergie.

En refusant d’atteindre cette ambition, les dirigeants européens commettent une triple faute : écologique, économique et stratégique. Écologique, car le changement climatique est en marche et on ne négociera pas avec la planète; comme l’a rappelé le GIEC, à moins d’un effort drastique en termes de réduction d’émissions de CO2, l’objectif de maintenir le réchauffement à 2°C ne sera pas atteint. Économique, car en ralentissant de moitié le rythme de ses efforts climat/énergie, l’Union Européenne envoie un signal clair – et négatif – à toutes les entreprises qui avaient investi dans la transition énergétique. Alors que Jean-Claude Juncker a fait de la mobilisation de l’investissement sa priorité, les décisions du Conseil vont à l’exact opposé de cet objectif. Stratégique, car s’il est une chose que la crise ukrainienne avait souligné, c’est la dépendance énergétique de l’Europe, une dépendance qui bride la capacité d’action de l’UE hors de ses frontières et nous coûte 400 milliards d’euros par an, compte tenu des prix actuels des énergies fossiles, et profite à la Russie de Poutine et aux pétromonarchies. De surcroît, en voulant s’arroger le droit de décider – uniquement à l’unanimité – en la matière, le Conseil Européen renationalise de fait la politique énergétique.

Est-ce là l’Union de l’Énergie qu’en chœur la Commission Européenne de Barroso – et de Juncker – et le Conseil Européen de Herman Van Rompuy disaient appeler de leurs vœux? Pour les Verts au Parlement européen, les objectifs climat/énergie doivent à la fois faire preuve d’ambition (-60% de CO2, 45% de renouvelables et 40% d’amélioration de l’efficacité énergétique) et être contraignants. Et plus que jamais la politique énergétique doit devenir européenne : l’addition des intérêts nationaux est, en la matière, un jeu à somme négative pour l’intérêt général des citoyens européens. Enfin le Conseil européen a commis un véritable putsch institutionnel en pervertissant la procédure de codécision au niveau européen. Les Verts au Parlement européen appellent le Parlement et la nouvelle Commission à refuser ce passage en force institutionnel.« 

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