Stress tests : encore une fois le nucléaire s’affranchit d’un contrôle démocratique pourtant nécessaire

La commission Energie, industrie et recherche (ITRE) du Parlement européen, a rendu son avis concernant les résultats des investigations de la Commission européenne sur les 134 réacteurs européens opérationnels, et publiés en octobre 2012. A cette époque déjà, les eurodéputés écologistes avaient contesté la sincérité et le sérieux d’un processus largement contrôlé par l’industrie nucléaire. Réaction des eurodéputé-e-s EELV.
Pour Yannick Jadot, député européen, membre de la commission ITRE :

« Alors que la situation n’est toujours pas sous contrôle à Fukushima, la majorité des membres de la commission énergie du Parlement européen tente de refermer le dossier de la sécurité des centrales nucléaires. Peu importe le manque d’indépendance, le nombre très réduit des risques étudiés, il semble que l’addiction de certains au nucléaire soit plus forte que leur responsabilité en termes de risques imposés aux citoyens. Dramatiquement, les révélations régulières sur la faillite industrielle et financière de cette industrie et les faiblesses en matière de sûreté et de sécurité réveillent les logiques d’opacité au détriment de la sécurité de tous. Circulez, il n’y a rien à voir ! Rien, c’est le mot ! La Commission européenne s’est contentée d’évaluer les risques de séisme et d’inondations. Il n’y a donc rien sur les risques d’explosions, d’incendies, rien sur les risques d’actes malveillants, rien sur les risques de chute d’avion, rien sur les erreurs humaines. »

Pour Michèle Rivasi, vice-présidente du Groupe des Verts/ALE et spécialiste de la radioprotection, la mascarade continue :

« Les résultats des stress tests ont démontré qu’aucune centrale n’était aux normes et que toutes devaient entamer des travaux d’amélioration de leur sûreté : personne ne peut s’en plaindre. Cependant, les écologistes ne peuvent se réjouir des maigres leçons tirées de Fukushima. Tout d’abord car ces leçons n’intègrent qu’une partie des facteurs de risque, et sont donc tirées à minima, mais surtout parce que les conclusions cherchent à légitimer une industrie qui connaît pourtant une crise de notoriété sans précédent. Ces tests auraient du logiquement conduire à la fermeture des centrales les plus vétustes – sur la base d’un calcul coût/bénéfice – mais il n’en est rien: les zélateurs du nucléaire ont donc le champ libre pour nous imposer un allongement plus que risqué de la durée de vie des centrales. Regardez ce qui se passe à Fessenheim : on va dépenser des millions d’euros pour une mise aux normes inutile, pourquoi ne pas arrêter les frais tout de suite ? »

Et les deux eurodéputés de conclure :

« Alors que s’est ouvert en France le débat sur la transition énergétique, on voit bien qu’il sera difficile de mettre à mal le mythe de la sécurité du nucléaire dans un pays où le sujet est encore tabou. Cette question doit faire partie du débat. C’est un enjeu de transparence et de démocratie : le risque ne doit plus être imposé, il doit être choisi. Et pour cela, les citoyens doivent avoir accès à une information transparente et contradictoire. »

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