Tunisie : lettre ouverte à Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères et Frédéric Mitterrand, Ministre de la Culture

Bruxelles, le 29 octobre 2009

Monsieur le Ministre des Affaires étrangères,
Monsieur le Ministre de la Culture,

Nous pouvons comprendre, ou ne pas comprendre, que vous ayez réagi avec une extrême rapidité et que vous vous soyez indignés à l’arrestation de Roman Polanski il y a quelques semaines. En revanche, nous ne comprenons pas votre absence de réaction et votre indifférence face aux événements récents intervenus en Tunisie:

Enlèvements de Slim Boukhdhir, correspondant de Al-arabya, Mohamed Soudani, étudiant syndicaliste,

Harcèlement et actes de violence à l’encontre de Sihem Bensedrine, rédactrice en chef de Kalima, Radhia Nasraoui, avocate et Présidente de l’Association Tunisienne de Lutte contre la Torture,

Détentions arbitraires de 38 manifestants du bassin minier de Gafsa, de Zouhair Maklouf, journaliste et reporter et enfin de Taoufik Ben Brik, journaliste et écrivain,

Interdiction d’entrée sur territoire tunisien de Florence Beaugé, journaliste au Monde.

Il est vrai, qu’il est plus facile de s’empresser de saluer le score démocratique obtenu par le Président tunisien Ben Ali ce dimanche avec 89,62%, que de défendre l’exercice de la liberté d’expression et d’opinion au sein d’un pays avec lequel, la France se targue d’entretenir des relations d’amitié basées sur des principes et des valeurs qui nous unissent.

Il est plus que temps que la France, au nom de sa relation privilégiée avec la Tunisie, cesse d’empêcher l’Union européenne d’avoir une politique ambitieuse en termes de promotion des droits de l’Homme et de démocratie. Puisque vous l’ignorez encore, force est de vous rappeler que la défense des droits de l’Homme constitue un principe fondateur devant inspirer la politique étrangère de la France et de l’Union européenne. Vendre des centrales nucléaires tout en fermant les yeux sur ces violations est une attitude indigne.

Nous, parlementaires européens, vous demandons d’intervenir avec le même zèle que dans l’affaire Polanski pour les affaires Boukhdhir, Soudani, Bensedrine, Nasraoui, Maklouf, Ben Brik et les 38 manifestants du bassin minier de Gafsa.

Cordialement,

Dany Cohn-Bendit
Président du groupe des Verts/ALE

Hélène Flautre
Présidente de la délégation UE-Turquie

Eva Joly
Présidente de la commission développement

José Bové
Vice-Président de la commission agriculture et développement rural

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