Revenus complémentaires des élu.e.s : nous exigeons une structure indépendante de contrôle

L’ONG Transparency International (TI) a étudié l’ensemble des déclarations d’intérêts des eurodéputé.e.s élu.e.s pour ce nouveau mandat. Un travail d’utilité publique qui permet de poser d’importantes questions en terme de standards démocratiques.

Selon TI, un tiers des 751 députés élus en mai ont des activités rémunérées en dehors de leur mandat, et 48 eurodéputés gagnent plus de 10 000 euros brut par mois au titre de leurs activités extraparlementaires, c’est-à-dire plus que leurs indemnités d’élu (8 757 euros par mois avant impôts).

Tous les partis politiques sont évidemment concernés, mais certains dans une moindre mesure et surtout sans que cela ne pose un problème de conflit d’intérêts ou que l’argent gagné vienne du privé. Les élus écologistes tirent généralement leurs revenus de mandat électifs locaux ou de leur activité paysanne, ils sont 20 en tout sur les 74 eurodéputés de notre groupe. Et nous sommes ainsi le groupe politique cumulant le moins de revenus complémentaires par député.e. Vous pouvez retrouver tous ces chiffres en ligne.

Les partis politiques dont les députés ont les plus gros revenus extérieurs sont des partis populistes ou d’extrême droite : le Brexit party figure ainsi en tête, aux côtés du parti polonais conservateur Platforma Obywatelska, de la Ligue du Nord italienne ou même du Rassemblement national français. Sur les 29 élus du Brexit Party, 22 ont des revenus complémentaires, en moyenne de 7 820 euros par mois. Et sur les dix eurodéputés qui gagnent le plus en dehors de leur mandat, cinq appartiennent à cette formation politique.

Ci-dessous les revenus (mini et maxi par an) des groupements d’élu.e.s les plus fortuné.e.s, hors mandat d’eurodéputé.e.s

 

Cette transparence est essentielle pour savoir qui les électrices et électeurs ont envoyé au Parlement européen. Mais nous ne pouvons nous satisfaire de la situation actuelle. Il serait tout d’abord utile que le Parlement ne laisse pas aux ONG le soin de présenter de manière claire et précise des déclarations d’intérêts pourtant bien disponibles sur le site Internet du Parlement, mais difficilement accessible pour qui ne saurait où chercher.

Surtout, nous demandons la création d’une structure européenne indépendante d’éthique qui contrôlerait la véracité des déclarations d’intérêts tout au long du mandat et assurerait les standards les plus exigeants en matière d’intégrité au sein des institutions européennes. Nous demandons d’ailleurs à la nouvelle Présidente de la Commission Ursula Von der Leyen de s’attaquer à ce chantier de manière prioritaire.

Aussi, nous considérons que ce n’est pas aux députés de décider des règles qu’ils doivent s’appliquer en matière d’éthique, et ça n’est pas plus au Président du Parlement que doit échoir la responsabilité des sanctions. Il faut sortir la lutte contre les conflits d’intérêts des mains des seuls eurodéputé.e.s : tout doit être décidé de manière transparente et indépendante, c’est le seul moyen de garantir le plus haut niveau d’intégrité. Et renforcer ainsi la confiance qu’on les citoyens dans leurs institutions et leurs élu.e.s.

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