Ukraine : Rebecca Harms raconte l’euphorie d’ un nouveau départ

27 février 2014
Rebecca Harms est une eurodéputée écologiste allemande. Avec Daniel Cohn-Bendit, elle co-préside depuis cinq ans le groupe des parlementaires européens Verts. Entre Bruxelles et Kiev depuis le début des manifestations sur la place Maïdan, elle a vécu de près la révolution. Pour elle, en Ukraine, « le désir de démocratie était plus fort que la peur ».
Vous avez passé les derniers jours à Kiev après le départ du Président Ianoukovitch. Quelle était l’atmosphère sur place ?

Chaque jour a été très intense. Beaucoup de choses se sont produites depuis vendredi dernier. En quelques heures, on est passé de la menace d’une guerre civile à l’euphorie d’un nouveau départ. C’était très émouvant pour moi d’être à l’intérieur du Parlement ukrainien lorsque les députés ont préparé des lois pour organiser la transition, de manière responsable et avec le soutien de tous les partis politiques. C’était un moment fort d’être témoin de la destitution du président Ianoukovitch. C’était aussi un moment fort de voir le retour à Kiev de Iulia Timochenko, après plusieurs années en prison. Je lui avais rendu visite pendant sa détention et je m’étais personnellement engagée pour sa libération. J’étais donc heureuse de la saluer à l’aéroport de Kiev lors de son arrivée en tant que femme libre. Sa première « rencontre » avec la place Maïdan de la révolution a été pour elle une très forte émotion car elle était coupée du monde depuis longtemps.

Finalement, comment le président ukrainien a-t-il pu être destitué, selon vous ?

C’est grâce à la force du mouvement citoyen. Il ne faut surtout pas oublier que la révolte en Ukraine n’est pas partie des partis politiques d’opposition, même s’ils ont joué leur rôle. Le véritable nouveau pouvoir est incarné par ces milliers de personnes qui, pendant des semaines, sont restées sur la place Maïdan et ne se sont pas laissées intimider par la violence. Le désir de démocratie était plus fort que la peur. Et après la mort de tant de citoyens, ce mouvement ne pouvait pas accepter de repartir avec Ianoukovitch. C’est lui qui a fui ses responsabilités immédiatement après avoir signé le compromis.

Comment la situation évolue-t-elle maintenant en Ukraine ?

C’est loin d’être gagné. Désormais, les différentes forces politiques doivent véritablement s’engager pour trouver une solution démocratique. Le deuil, l’organisation de nouvelles élections, la mise en place d’institutions conformes à l’état de droit pour le jugement des crimes de ces derniers mois… tout cela ne sera pas facile. Au Parlement et sur la place Euromaïdan, les gens veulent l’unité du pays. La violence a aussi rassemblé la nation.

Que peut proposer l’UE à l’Ukraine ?

D’abord, il est important que nous concluions un accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine. L’UE ne doit pas uniquement se concentrer sur l’aide économique, comme en 2004, et ignorer toutes les autres problématiques. La fuite des capitaux doit également être interrompue. L’argent volé au pays doit revenir au pays. L’UE a sa part de responsabilité dans les réformes politiques nécessaires en Ukraine, pour aider l’Etat à prendre des décisions en toute indépendance vis à vis de la Russie. Enfin, les Ukrainiens veulent et ont besoin de la liberté de circulation avec l’Union européenne.

– Lire cette interview en allemand sur le site Internet des Grünen : Ukraine: Euphorie für einen Neuanfang
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