Climat : Le Parlement européen peine à être ambitieux, l’UMP en flagrant délit de schizophrénie

16 mars 2012
Malgré le pessimisme des scientifiques quant au réchauffement climatique, le Parlement européen peine à rénover notre modèle énergétique. La droite conservatrice européenne réduit systématiquement les moyens d’action. Pour l’eurodéputé EELV Yannick Jadot, c’est un comportement irresponsable : « On laisse les citoyens du monde entier dépourvus face au dérèglement climatique ».
Le Parlement européen a adopté hier le rapport « Vers une économie à bas carbone » sur la politique climatique de l’Union européenne (UE) d’ici 2050. Si le rapport appelle l’UE à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% en 2030, 60% en 2040 et 80% en 2050, la droite conservatrice européenne en a fortement réduit les moyens d’action.

Particulièrement actifs, les députés de l’UMP ont confirmé d’une part le manque d’ambition climatique affiché depuis des années par le Président de la République et, d’autre part, que les promesses du candidat Sarkozy, en particulier concernant l’ajustement carbone aux frontières, ne sont que des effets d’annonce. Face à un texte chargé de paradoxes, les Verts/ALE ont choisi de s’abstenir.

A l’issue des votes, Yannick Jadot, eurodéputé EELV et chargé du dossier pour les Verts / ALE en commission ITRE (Industrie, Recherche, Energie), a déclaré:

« Le Parlement européen peine à affirmer son ambition climatique, en dépit des évaluations scientifiques de plus en plus alarmantes, et en dépit des effets très positifs de la mise en place d’une économie bas carbone sur l’industrie, les emplois et la sécurité énergétique de l’Europe; si elle est fondée sur la sobriété et l’efficacité énergétique, les renouvelables et des réseaux intelligents. A force d’amendements et de votes régressifs, la droite conservatrice a réduit considérablement les moyens de l’Europe pour atteindre nos objectifs climatiques.

Aujourd’hui, c’est le climat qui est victime de la schizophrénie de l’UMP. Aux avant-postes des conservateurs européens, les eurodéputés UMP ont non seulement empêché le Parlement européen de revoir à la hausse les objectifs climatiques de l’Union européenne à l’horizon 2020 (1), et de résoudre les dysfonctionnements du marché carbone, mais ils se sont également battus pour inclure du nucléaire dans le texte, contre toute logique sociale, économique et climatique.

Ils confirmé par leurs votes le manque flagrant d’ambition de la France et du Président de la République en matière climatique. Plus cyniquement, ils ont aussi confirmé que les promesses du candidat Sarkozy d’instaurer un ajustement carbone aux frontières de l’Europe n’étaient qu’un effet d’annonce en votant contre la mise en place d’un tel dispositif. Ils ont une nouvelle fois privilégié les intérêts des multinationales à ceux des PME européennes. Ce n’est pas la première fois que les députés UMP font cette démonstration: il y a quelques mois, sur le rapport commerce et changement climatique dont j’étais le rapporteur, ils votaient contre un dispositif de réforme des marchés publics pour introduire une possibilité de « contenu local » favorisant nos PME.

En refusant de réorienter l’économie européenne vers la sobriété, l’efficacité énergétique et les renouvelables, la droite et les libéraux européens font le choix de laisser les consommateurs démunis face à l’explosion de leurs factures de carburant, de laisser les salariés isolés face aux délocalisations d’une industrie qui n’a pas innové quittant nos territoires, et de laisser les citoyens du monde entier dépourvus face au dérèglement climatique. »

(1) Pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre de 95% d’ici 2050 et limiter le réchauffement de notre planète à 2°C d’ici la fin du siècle, les scientifiques recommandent un objectif de 30 à 40% d’ici 2020, contre seulement 20% aujourd’hui.

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2 commentaires

  •  - 

    Face à la paranoïa développée par les lobbies industri
    els à vouloir défendre la Société de Consommation,le
    danger guette,cependant…Lorsque les catastrophes cli
    matiques auront conduit cetains pays particulièrement
    touchés à renoncer à développer une économie basée pri
    oritairement sur les « bienfaits » de la Société de Cons
    ommation,il y aura alors « effet domino » dans les pays
    les plus exportateurs en biens d’équipement(Chine,Bré
    sil,Inde,mais aussi Allemagne);et s’enclenchera une
    crise de « décroissance »,qui favorisera les « options »
    de développement raisonné,durable,partagé,à l’opposé
    de ce qui existe actuellement…Et c’est ça qui épouv
    ante nos parlementaires européens,on peut le compren
    dre!

  • Pierre BIVEL dit:
     - 

    Beaucoup de gens se sentent peu concernés par le risque d’extinction de l’espèce humaine. Certains espèrent que des moyens techniques permettront de stopper le réchauffement climatique, ce que contestent la plupart des sientifiques. D’autres imaginent que cette extinction se produira dans plusieurs siècles, alors que l’augmentation moyenne de température pourrait atteindre 6°C à la fin de notre siècle.

    Ce changement brutal (500 à 1000 fois plus rapide que ceux du passé) aurait des conséquences dramatiques pour nos petits-enfants et arrière petits-enfants. Je ne comprends pas comment on peut envisager sereinement ce scénario sans réagir fortement.

    Jamais dans le passé les hommes n’ont eu un tel pouvoir sur leur destinée. C’est un enjeu passionnant qui devrait mobiliser toutes nos énergies. Les solutions techniques pour maîtriser notre avenir existent, le scénario Négawatt par exemple. Mais elles ne plaisent pas aux décideurs économiques et financiers qui gouvernent le monde en fonction de leurs intérêts immédiats, sans se soucier de l’avenir de l’humanité. Il faut donc que les décideurs politiques, soutenus par la société civile, se libèrent de l’influence de leurs financeurs.

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