Hausse des prix alimentaires : il faut contrôler les appétits des spéculateurs

17 février 2011
Le changement climatique et la spéculation sur les marchés des produits de base plongent des populations dans la faim et menacent la survie des agriculteurs. Un rapport soutenu par les écologistes pointe du doigt ces deux principaux facteurs qui compromettent la sécurité alimentaire dans le monde. Pour José Bové, vice-président de la commission Agriculture du Parlement européen, des mesures urgentes peuvent être prises. Il faut réagir !
Aujourd’hui, comme en 2008, les prix des matières premières agricoles s’envolent sur les marchés mondiaux. « Il y a cinq ans, le blé valait 100 euros la tonne. Aujourd’hui, il se négocie à près de 300 euros, constate José Bové. Si on ne fait rien, l’impact sera dramatique et immédiat pour les éleveurs européens. Certains ne sont déjà plus en mesure d’alimenter leurs animaux. Des centaines d’exploitations sont en faillite. »

Ce jeudi 17 février 2011, les eurodéputés ont adopté une résolution non législative en séance plénière pour dénoncer ce phénomène et proposer des solutions. Le dérèglement climatique responsable de la baisse de la production dans certaines zones traditionnellement exportatrices ; l’utilisation des céréales pour la production d’agro-carburants ; et enfin, la spéculation financière… Les raisons de la hausse des prix alimentaires sont identifiables.


par EurodeputesEE

Selon José Bové, la Commission européenne peut d’ores et déjà avancer sur plusieurs points concrets en ce qui concerne les matières premières agricoles – sans attendre la prochaine réforme de la PAC. Elle peut créer des stocks locaux de céréales mis à disposition des éleveurs à des prix subventionnés ; indexer les prix de la viande payés aux éleveurs sur l’évolution des cours des aliments pour le bétail ; et pour 2011, mettre en place un mécanisme de transfert d’une part des aides destinées au soutien des céréales en direction des éleveurs.

Famine contre profit

Il faut aussi prendre le taureau par les cornes et tenter d’enrayer les pratiques spéculatives qui touchent aussi bien les matières premières agricoles, que les denrées alimentaires (produits dérivés) et le marché de l’énergie. Les eurodéputés le soulignent dans la résolution : « Il n’est pas acceptable que la faim des uns soit exploitée au profit des autres ». La crise alimentaire frappe déjà les 1,2 milliard de personnes dans le monde qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, renchérit José Bové.

La résolution appelle le G20 à assurer la convergence des réglementations relatives aux marchés, en impliquant également des pays qui n’en font pas partie, afin qu’ils puissent lutter contre la manipulation des prix des denrées alimentaires. Les eurodéputés invitent en particulier la Commission à envisager la possibilité de donner à la nouvelle Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) davantage de pouvoirs afin d’éviter les abus sur les marchés des produits de base. Les transactions concernant les denrées alimentaires devraient être limitées aux investisseurs qui sont réellement liés aux marchés agricoles, estiment-ils.

Depuis janvier 2011, l’Administration américaine exige la limitation et la transparence des positions prises par les fonds financiers sur les marchés des matières agricoles. La Commission doit rapidement faire des propositions allant dans le même sens. « Cette avancée est un premier pas pour contrer les appétits des spéculateurs, estime l’eurodéputé EELV. Dommage qu’à la veille de la réunion des Ministres des Finances du G20, l’Europe arrive une nouvelle fois sans préparation à la table de négociations… »

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2 commentaires

  • dany dit:
     - 

    Les éleveurs pénalisés par la hausse du prix des céréales! Indexer le prix de la viande sur celui des céréales! Préconiser de telles mesures laisse rêveur, même si j’approuve le combat de José, il faudrait revenir aux fondamentaux. Les bovins et les ovins sont programmés pour manger de l’herbe, et cette denrée n’est pas soumise à la spéculation que je sache !
    Alors une mesure efficace et indispensable ne serait-elle pas d’encourager l »élevage à l’herbe!
    Remettre les animaux dans les champs au lieu de les stocker dans des hangars comme de vulgaires marchandises? Où est passée la notion de souveraineté alimentaire si chère à José? Doit-elle s’inscrire dans une régulation des marchés soumis à la spéculation, ou carrément en sortir? Une aide à l’autonomie des éleveurs, à la liberté d’élever leur bétail comme bon leur semble, plus proche des méthodes naturelles serait certainement plus profitable à tous, éleveurs, comme consommateurs. Nos civilisations occidentales consomment trop de viande (souvent de piètre qualité vues les conditions d’élevage), il est donc urgent de promouvoir le retour au bon sens.

  • Huplier dit:
     - 

    Comme toujours, c’est vrai on arrive les poches vides! On est plus étonnés d’ailleurs, moi je veux bien proposer certains axes ou propositions, quelques pistes contre la hausse des prix alimentaires et leur application en France, en Europe et pk pas ds le monde.

    -A l’échelle mondiale: on pourrait commencer par une régulation des prix des matières premières en bourse, puisqu’apparamment jouer sur la bouffe est devenu une partie de poker!Une régulation mondiale! et non pas par pays, et au cas par cas, tt de façon chui assez pessimiste sur la question vu que les politiques sont devenus des pantins!!! Ceux des marchés financiers!
    On pourrait toujours instaurer une taxe au niveau mondial sur les marchés pour la lutte contre la faim ou même répartir une partie du prix des matières premières aux producteurs des pays du sud, le problème, c’est la loi du marché et du consommateur. en effet, le consommateur va voir ses prix augmenter notamment en vetements et nourriture si on augmente les prix sur le marché.Il faut changer cela en mettant en place des mécanismes de contrôle de régulation, de lutte contre les spéculations sinon on finira par un désastre alimentaire ss précédant.

    -Sur le plan européen, un vaste révolution de la PAC s’impose: exigences écolos, humaines (nourrir 9 milliards d’habitants), sociales (réequlibrer les salaires entre agriculteurs européens)Nourrir 9 milliards ne signifie pas augmenter la prductivité d’une agriculture intensive mais écologique à long terme pour sauver nos agriculteurs et nourrir le plus de monde en respectant des normes environnementaux, sociaux et de qualité.On peut imaginer un plan de reconversion massif de l’agriculture des pays aux méthodes productivistes (comme agriculture bio à encourager,avantages fiscaux pr cette agriculture, formations, infos sur les métiers et méthodes d’agriculture bio, favoriser la recherche sur les méthodes agricoles, ecolos, OGM? hummm…même en milieux confinés, qu’est-ce que ça cache? Recherche oui mais avec des normes strictes!!! et à long terme!!)Le coût de la PAC est de 40 milliards en moyenne, le diminuer ce serait suicidaire, l’augmenter trop serait une folie, l’augmenter ou l’équilibrer en fonction des besoins: OUI!Pour financer, on doit développer une fiscalité écolo sans atteindre de plein fouet les contribuables européens!
    Enfin, l’Europe, doit mener à l’échelle mondiale une politique ecolo sur le plan agricole et peser lourd sur ce thème!

    -Sur le plan national, il ne fait aucun doute qu’on ne peut pas faire de réforme agricole sans réformer la PAC! Mais on peut tout de même essayer de développer la recherche en France sur les sujets ci-dessus que j’ai développé,répartition des aides de la PAC par le biais des collectvités territoriales qui sont en contact direct avec les agriculteurs, encourager massivement la reconversion alternative des agriculteurs, réduire les pesticides ou nitrates trop polluants, faire des programmes nationaux pour la protection de la biodiversité.

    Voilà, il s’agit de quelques idées qui tocuhe à des domaines plus larges comme l’agriculture, l’environnement, le métier d’agriculteur….

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