Femmes réfugiées: l’urgence d’agir
Les gouvernements des États membres s’entêtent à promouvoir des politiques répressives à l’encontre des réfugiés, politiques provoquant des centaines de morts aux frontières extérieures de l’Union européenne, quand dans le même temps, aucune voie légale réelle et efficace n’est proposée aux demandeurs d’asile désireux de trouver refuge en Europe.
Ainsi l’Europe oblige littéralement les femmes et les filles réfugiées à devoir compter sur des passeurs pour pouvoir entrer sur son territoire. Les gouvernements européens doivent donc être tenus pour responsables de toutes les violences sexuelles et les violations des droits humains que subissent les femmes à leurs frontières extérieures. Nous savons pertinemment que les femmes sont particulièrement vulnérables en cas de déplacement forcé et connaissons tous les périls qui les menacent sur la route de l’exil. Nous ne pouvons donc pas prétexter que « nous ne savions pas! »
Il est donc plus que temps d’élever la voix, avant le prochain sommet de l’Union européenne sur la migration prévu les 18 et 19 mars prochains afin d’exiger que l’UE ouvre enfin de toute urgence des voies légales sûres pour les réfugiés demandeurs d’asile, afin de lutter contre les réseaux de contrebande et surtout de permettre à toutes les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées de pouvoir trouver refuge en Europe sans avoir à risquer leur vie comme aujourd’hui.
Le droit des femmes à pouvoir déposer une demande d’asile indépendante de leur conjoint est un point clef pour garantir leur autonomie et le principe de non-refoulement. Il doit également être mis fin immédiatement à la détention des enfants, des femmes enceintes et qui allaitent et des victimes de viol et de traite sexuelle dans tous les États membres, et un soutien psychologique approprié doit être mis à leur disposition. Nous rappelons aux autorités compétentes que lorsque les femmes demandeuses d’asile sont détenues, des installations spécifiques sont nécessaires pour répondre aux besoins des femmes en termes d’hygiène, de même que le recours à du personnel féminin spécialement formé aux droits humains et aux questions de genre. Les femmes demandeuses d’asile en détention qui signalent des abus doivent immédiatement être protégées, soutenues et conseillées, et leurs demandes doivent être examinées par des autorités compétentes et indépendantes, dans le respect total du principe de confidentialité, y compris quand les femmes sont détenues avec leurs conjoints. Nous exhortons l’Union européenne à garantir le plein accès aux droits en matière de reproduction, y compris l’accès à l’avortement sans danger pour les femmes réfugiées, et à allouer de toute urgence des ressources supplémentaires à la fourniture de soins de santé.
Mais ce ne sont que quelques demandes humanitaires urgentes. Nous sommes en outre extrêmement préoccupés par la proposition de la Commission d’établir une liste commune de l’UE des pays d’origine sûrs, alors que les droits des femmes pourraient être compromis et celles-ci subir un traitement procédural moins favorable lorsque leur demande d’asile se base sur la peur de la violence ou du harcèlement à caractère sexuel. La menace de mort imminente pour des femmes qui ont subi des violences sexuelles dans leur pays d’origine et qui sont obligées d’y retourner si leur demande est rejetée est réelle et sérieuse.
Nous exhortons donc la Commission européenne à ne pas inclure dans sa liste de pays d’origine sûrs un pays qui n’a pas comme principe juridique établi l’égalité hommes-femmes et réclamons des institutions de l’UE qu’elles ne concluent pas des accords de réadmission avec des États qui violent les droits des femmes et ne leur reconnaissent pas des droits civils, politiques et sociaux parfaitement égaux à ceux des hommes. Nous affirmons que le retour dans un pays ne garantissant pas cela ne peut alors absolument pas être considérés comme « sûr».
L’Union européenne doit également prendre en considération une autre dimension essentielle dans le combat pour les droits et la dignité des femmes réfugiées : les liens systémiques clairs entre la crise climatique, notre modèle économique et l’exploitation continue des femmes. Le changement climatique et la dégradation de l’environnement ont un impact significatif et croissant sur les mouvements de population dans le monde entier. Comme Mary Robinson l’a rappelé au Parlement européen cette semaine : « Le changement climatique est un multiplicateur de menace: il aggrave la pauvreté et la pénurie d’eau potable, il aggrave l’insécurité alimentaire et la nutrition et rend encore plus difficile pour les ménages pauvres la garantie de leurs droits. Le changement climatique augmentera les migrations à l’échelle mondiale. »
Le Parlement européen vote cette semaine un rapport sur « La situation des femmes réfugiées et demandeuses d’asile dans l’UE », le rapport Honeyball, appelant à un ensemble d’actions politiques qui doivent être mis en œuvre de toute urgence. Nous, membres du groupe des Verts au Parlement européen, affirmons avec force que nos gouvernements ne peuvent plus continuer de fermer les yeux sur les violations constantes des droits des femmes réfugiées et appelons la Commission européenne et les gouvernements nationaux à agir de toute urgence.
Un commentaire
Quand je lis ce communiqué, je suis très fier d’être à EELV. J’adhère totalement à ce que nos députés européens ont écrit.
Merci.