Bruno Le Maire choisit l’austérité, s’érigeant en ennemi des pauvres et du climat
Entre l’austérité et la taxation des plus riches, Bruno Le Maire confirme son choix qui nous amène droit dans le mur. Selon lui, « les Français n’en peuvent plus des impôts » et il prévoit donc une coupe budgétaire « immédiate » de 10 milliards d’euros sur les dépenses de l’état.
S’il a assuré dimanche soir qu’il ne toucherait pas à la sécurité sociale, cette annonce coïncide pourtant avec celle du doublement de la franchise sur les boîtes de médicament et de la participation forfaitaire sur les consultations et actes médicaux. C’est une attaque directe au portefeuille des plus précaires. Trois Français·es sur dix renoncent déjà à se soigner pour des raisons financières. Une telle décision ne fera qu’aggraver le problème.
Parmi les économies annoncées, cinq milliards d’euros économisés le seront sur les politiques publiques : 1 milliard en moins pour l’aide publique au développement et 1 milliard en moins dans le budget de MaPrimeRénov’ qui tombe à 600 millions d’euros. Le logement est pourtant un des secteurs à décarboner en priorité dans la lutte contre le réchauffement climatique : mieux isoler les bâtiments, c’est utiliser moins d’énergie pour chauffer mais c’est aussi alléger la facture des ménages. Au final, cette réduction du budget de MaPrimeRénov’ est encore un coup porté aux 10 millions de Françaises qui vivent en situation de précarité énergétique et qui souhaitent mieux isoler leur logement afin de faire des économies.
Une question de justice fiscale
En réalité, quand Bruno Le Maire nous dit « les Français n’en peuvent plus des impôts » il se fait le porte-voix des ultra-riches qui font tout pour y échapper, payant ainsi moins d’impôts en proportion de leurs revenus que le reste de la population, selon une étude de l’institut des politiques publiques (IPP).
Nous ne voulons pas taxer davantage nos concitoyens et concitoyennes qui galèrent, nous demandons simplement de rétablir la justice dans notre système fiscal et que chacun contribue à hauteur de ses moyens. D’autant que les plus riches contribuent bien davantage au réchauffement climatique alors même qu’ils seront les moins exposés à ses conséquences.
Dès lors, taxer davantage les plus fortunés pour financer la transition est une question de décence.
Rien qu’en taxant les 0,5% les plus riches de manière progressive (c’est-à-dire ceux qui ont un patrimoine net supérieur à 3 650 000 €), la France bénéficierait de 46 milliards d’euros de recettes supplémentaires par an, soit plus de quatre fois les économies que souhaite réaliser Bruno Le Maire au détriment des plus précaires et du climat.
Imaginez si en plus de cela, nous taxions les super-profits des entreprises qui ont profité de la crise pour s’enrichir : l’argent est là, il est simplement inégalement réparti. Mais au lieu de s’attaquer à la répartition des richesses, le gouvernement privilégie la casse sociale.
Une proposition partagée par des macronistes et des millionnaires
Taxer les riches, c’est pourtant ce qu’appelait à faire l’économiste Jean Pisani-Ferry dans un rapport remis au gouvernement. Celui-ci nous faisait savoir que pour financer la transition, nous allions devoir faire le choix de l’endettement et de la taxation des plus riches. Loin d’être un bolchevique dans l’âme, Jean Pisani-Ferry fut l’économiste de la campagne d’E. Macron en 2017 et même « responsable du programme ».
Selon lui, « le coût économique de la transition ne sera politiquement et socialement accepté que s’il est équitablement réparti ». C’est un constat qui est partagé par de nombreux millionnaires, membres du groupe des “Patriotic millionaires“. Ce groupe demande à être davantage taxé pour financer la transition et des services publics de qualité. Dans l’OCDE, ce sont même 3 millionnaires sur 4 qui veulent également contribuer davantage.
Si le président des riches ne souhaite écouter ni les scientifiques, ni l’opposition, qu’il écoute au moins les spécialistes issus de ses propres rangs et les principaux intéressés qui demandent à être soumis à l’impôt !
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