Sarkozy acte l’échec d’un accord ambitieux à Copenhague
Copenhague, le 17 décembre 2009 – Yannick Jadot, eurodéputé Europe Ecologie, commente l’intervention du Président de la République cet après midi au Bella Center de Copenhague
« Fidèle à lui-même, le Président Nicolas Sarkozy vient de prononcer, à la tribune de l’ONU, un discours incontestablement volontariste, plein de style, parfois donneur de leçons en pointant du doigt les autres parties prenantes…sans dire un mot de nouveaux engagements européens. Qui pouvait oser dire « arrêtons les postures » ?
Sur le fond, le discours est moins original. En répétant les positions européennes traditionnelles ou les plus petits dénominateurs communs d’ores et déjà actés dans la négociation, aussi bien sur les réductions d’émission à l’horizon 2050 que sur l’aide financière de court et moyen terme aux pays du Sud, il n’apporte pas d’éléments nouveaux dans la négociation. Rien non plus sur les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020, sujet majeur des négociations.
Surtout, en défendant l’initiative européenne d’une réunion des principaux leaders cette nuit pour élaborer un chapeau politique pour la négociation, cela trouble le jeu. Cette initiative a-t-elle été discutée avec les partenaires chinois et américains ? Le Président acte-t-il par là le report de la négociation des deux textes onusiens sur la table depuis 10 jours pour se concentrer sur une déclaration politique ? Alors que si la présence des chefs d’Etats est indispensable, c’est bien pour donner des arbitrages politiques sur ces textes pour lesquels de nombreuses améliorations peuvent encore être apportées. Copenhague risque donc de se conclure par une belle déclaration politique du type de celles du G20. L’objectif du sommet de Copenhague était tout autre.
« Les scientifiques nous ont dit ce qu’il faut faire » a souligné le Président. Cela signifie de 25 à 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 pour les pays riches, donc l’Europe, et au moins 100 milliards d’euros de soutien aux pays du Sud par an d’ici 2020, dont au moins 30 milliards pour l’Europe. Ce sont ces objectifs qu’on aurait aimé entendre à la tribune des Nations unies, ou en tout cas l’engagement de la France à ce que l’Europe les adopte. »