Mounir Satouri sur les travailleurs des plateformes
Lundi 13 septembre, Mounir Satouri est intervenu pour défendre un rapport du Parlement européen sur les travailleurs des plateformes numériques.
Son intervention 👇🏻
« Le 6 mai 2021, Chahi, livreur, livre un repas près de Rouen, à vélo, sous la pluie. Il travaille pour Uber Eats.
Chahi, sous pression, est renversé. Ce père de famille aurait-il perdu la vie si la plateforme avait assumé ses responsabilités d’employeuse ? Si la plateforme avait assuré la sécurité du vélo de Chahi et de son équipement ? Si elle lui permettait de travailler non pas au rabais, à la course, mais avec une garantie de salaire ?
Nous, législateurs, avons une responsabilité envers Chahi, et les 24 millions de personnes qui travaillent pour des plateformes numériques de ce type. Celle de rendre effectif le droit du travail, des droits acquis de haute lutte, pour elles ; pour eux.
Je me félicite que ce Parlement s’apprête à appeler la Commission européenne à introduire une présomption de relation de travail et à renverser la charge de la preuve devant le juge.
Quand on voit que les travailleurs sont aux ordres d’algorithmes qui les mettent en compétition avec d’autres travailleurs, quand on voit qu’ils sont soumis à des pressions de temps de plus en plus fortes et des prix dictés de plus en plus bas, nous devons imposer aux plateformes de prendre leurs responsabilités. Et ce n’est pas au travailleur de prouver le salariat, c’est à la plateforme de s’en défendre.
Oui, au numérique pour le progrès social. Non, à la gestion du travail par des algorithmes sans surveillance humaine ou dans l’exploitation des plus vulnérables. Oui, au travail réellement indépendant. Non, au salariat déguisé et à la déresponsabilisation des employeurs.
Derrière ce rapport, de nombreuses personnes espèrent que l’Europe va enfin freiner la libéralisation irresponsable de leur travail – pour eux et pour les victimes comme Chahi, soyons à la hauteur. »
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