14 juillet: n’oublions pas les 43 étudians mexicains et tant d’autres disparus
Ceux qui battrons le pavé des Champs-Elysées ce matin sont ceux qui oppressent la société civile au Mexique au nom d’une « guerre contre la drogue » qui a instillé un climat de violence systémique dont les citoyens mexicains sont les premières victimes.
Objet : Opposition à la présence du président mexicain Enrique Peña Nieto aux commémorations du 14 juillet 2015
{Monsieur le Président,
Vous allez recevoir, le 14 juillet prochain, en tant qu’invité d’honneur de la fête nationale française, Monsieur Enrique Peña Nieto, président constitutionnel du Mexique. Votre invitation a été rendue publique en avril 2014, lors de votre visite d’État au Mexique.
Vous ne pouviez, évidemment, pas prévoir les tragiques évènements qui se sont produits depuis au Mexique, des faits graves qui engagent la responsabilité du président mexicain. Voilà pourquoi nous vous prions aujourd’hui de reconsidérer la pertinence de cette invitation. Nous estimons que les honneurs réservés à M. Peña Nieto sont désormais déplacés et malvenus. Loin de rapprocher les peuples français et mexicain, ces honneurs risquent de détériorer leurs liens d’amitié, et de ternir l’image de la France.
Depuis presque une décennie, le peuple mexicain est profondément meurtri par des violences inouïes. Celles-ci ont fait plus de 160 000 morts depuis 2006 (dont 43 000 dans les deux premières années du mandat de M. Peña Nieto), et plus de 25 000 disparus, selon les chiffres officiels. Cette catastrophe humanitaire est le résultat d’une « guerre contre la drogue » qui transforme un problème de santé publique en un problème de sécurité nationale, avec les épouvantables résultats que l’on connait. Également en cause, le système de justice inefficace qui perpétue l’impunité dans un climat de violence systémique dont les citoyens mexicains sont les premières victimes.
Ces derniers mois, le Mexique a vécu des évènements tragiques qui ont bouleversé l’opinion publique. Nous parlons des crimes d’État commis par l’armée mexicaine à Tlatlaya (État de Mexico) en juin 2014, de ceux commis par la police municipale à Iguala (Etat de Guerrero) en septembre 2014 et, plus récemment, par la police fédérale à Apatzingán (État de Michoacán) en janvier 2015. Dans le cas de Tlatlaya, au moins 15 personnes qui avaient rendu leurs armes lors d’un affrontement avec l’armée ont fait l’objet d’exécutions extrajudiciaires. À Apatzingán, 16 membres des forces rurales et des civils désarmés ont subi le même sort. Ce ne sont pas les premières victimes d’exécutions extrajudiciaires perpétrées par la police ou l’armée. En effet, un rapport spécial de l’Organisation des Nations unies, reconnu par le gouvernement mexicain, estime le nombre d’exécutions extrajudiciaires commises entre 2006 et 2012 à plus de 70 0003. Enfin, le 26 septembre 2014, des dizaines d’étudiants de l’École Normale Rurale d’Ayotzinapa ont été attaqués par la police municipale sous les ordres du maire d’Iguala avec la probable complicité de l’armée. Trois d’entre eux ont été tués sur place, quarante-trois autres ont été enlevés et sont toujours portés disparus après plus de sept mois de vaines recherches. Le gouvernement a tenté de classer l’affaire en donnant sa « vérité historique » des faits d’Iguala. Cependant, cette version a été immédiatement contestée par les familles des victimes, ainsi que démentie par de nombreux spécialistes du EAAF (Equipo Argentino de Antropología Forense), d’Amnesty International, de Human Rights Watch, et du Parlement européen, qui ont tous exigé la poursuite de l’enquête. }}
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