Besoin d’augmenter la production alimentaire ? Remplaçons les pesticides par la biodiversité !
Récemment, la Commission européenne a proposé d’interdire les pesticides sur les zones d’intérêt écologique. Ces zones étaient initialement destinées, dans le cadre de la dernière réforme de la politique agricole commune, à ramener la biodiversité sur une toute petite partie des fermes conventionnelles (5% des terres arables) et à fournir des services essentiels aux écosystèmes, utiles pour l’agriculture. Une proposition votée par le Parlement européen malgré l’opposition d’un groupe d’eurodéputés conservateurs.
Faire en sorte que la biodiversité s’épanouisse sur les terres agricoles est bon tant pour les agriculteurs eux-mêmes que pour les abeilles, le climat, l’économie, et vous bien sûr … et le groupe des Verts / ALE a toujours poussé la législation dans cette direction. Il a été démontré que la biodiversité dite «fonctionnelle» des exploitations augmente les rendements de 12% pour le blé, 26% pour les pois, 32% pour les carottes. Impressionnant, non?
Alors, comment ça marche? Voilà le truc: pour citer quelques exemples, on peut expliquer ce phénomène par une augmentation de l’efficacité de la pollinisation car plus il y a de fleurs (ou « mauvaises herbes ») et moins de pesticides, plus il y aura de pollinisateurs; est également en jeu une plus grande régulation des populations de parasites des cultures par les prédateurs naturels, de sorte qu’ils sont sous contrôle et ne profilèrent pas (pensez à ces coccinelles qui mangent des pucerons ou ces guêpes parasites qui pondent leurs œufs dans les chenilles, puis les larves les dévorent de l’intérieur!). Par ailleurs, la biodiversité fonctionnelle dépend du nombre d’espèces bénéfiques dans le sol qui défendent les cultures et contribuent à fournir des nutriments à leurs racines. C’est ainsi que fonctionne le cercle vertueux de la biodiversité.
La règle générale, la voici: plus l’abondance et la variété des espèces sont nombreuses, plus résistantes sont ces fonctions émergentes de l’écosystème, fournies «gratuitement» pour les agriculteurs. Ces idées sont au fondement de ce qu’on appelle l’« agroécologie ».
Ces processus agroécologiques basés sur la biodiversité se produisent déjà en principe dans l’agriculture biologique et, pour cette raison, celles-ci ont été considérées comme «écologiques par définition» et ne sont donc pas obligées de remplir les mesures de protection de la PAC qui comprennent les zones d’intérêt écologique. Mais dans les systèmes agricoles conventionnels, où le manque de fertilité naturelle, de productivité et de lutte antiparasitaire est remplacé par la dépendance aux intrants chimiques (fertilisants et pesticides en tout genre), il faut désespérément renforcer ces processus tels que la pollinisation, la formation du sol, le cycle des nutriments et la séquestration du carbone, le cycle de l’eau (permettant de réduire le risque d’inondation et de sécheresse), ainsi que le contrôle des populations de ravageurs par prédation, afin d’être plus résistant aux changements climatiques et d’assurer une meilleure productivité à long terme.
Un avantage majeur est que, plutôt que de réduire les rendements en « enlevant les terres agricoles » du but principal de la culture, cela augmente effectivement les rendements en rendant les terres agricoles existantes plus efficaces et productives. C’est ce que certains eurodéputés conservateurs ne voulaient pas permettre, parce qu’ils n’ont pas de vue d’ensemble et suivent les arguments de l’industrie agrochimique qui ne veut rien changer à l’actuelle dépendance extrême aux pesticides, garantie de bénéfices tant que leurs poisons seront vendus.
Parce que les pesticides tuent non seulement les ravageurs visés, mais aussi les espèces d’animaux, de plantes, de bactéries et de champignons non ciblées, et parce que nous avons besoin de la biodiversité pour que l’écosystème puisse fonctionner, il convient de ne pas utiliser de substances ayant des effets néfastes sur la biodiversité. Donc, lorsque la Commission a proposé des règles de verdissement appropriées en interdisant les pesticides sur les zones d’intérêt écologique, nous avons applaudi: nous l’avions réclamé lors de la dernière réforme de la PAC, afin que ces zones puissent fonctionner correctement d’un point de vue agroécologique.
Avec une douzaine de mesures de simplification également incluses dans cet acte délégué qui rendra la vie plus simple aux agriculteurs-trices et aux administrations qui appliquent les règles relatives au verdissement de la PAC, la Commission européenne affiche pour une fois une volonté politique éclairée et forte.
Dans la future réforme de la PAC et de la politique alimentaire, notre groupe s’efforcera de créer des alliances pour créer et préserver la productivité à long terme et la fertilité intrinsèque de nos systèmes de production alimentaire grâce à l’agroécologie.