Cancún : le grand marchandage commence
Technologie. L’ONU pourrait créer un “Comité pour le transfert de technologie”. Son rôle : en s’appuyant sur un réseau de centres régionaux, il aidera les pays en développement à évaluer et répondre à leurs besoins technologiques pour faire face à l’urgence climatique. Quelques questions sont encore à régler, comme l’équilibre entre pays riches et pays en développement dans la direction de ce Comité. L’accord n’est pas loin, mais les pays riches veulent des contreparties.
par EurodeputesEE
Forêt. Tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut récompenser financièrement les pays qui luttent contre la déforestation. Cependant, les discussions continuent, par exemple pour savoir si cette récompense pourra à terme venir du marché carbone, malgré tous les problèmes que cela pose. Les pays forestiers espèrent que ces discussions aboutissent à Cancún. Evidemment, les pays industrialisés laissent planer le doute et ne s’avancent pas pour le moment…
Financement. Les trois sujets précédents ont besoin d’argent pour passer de la théorie à la pratique. Les pays riches ont promis des milliards… mais qui va gérer cet argent ? Le Sommet de Cancún pourrait créer un Fonds Vert dans le cadre de l’ONU. Mais comme pour le transfert de technologie, il faut décider de l’équilibre entre pays riches et les pays en développement dans la direction de ce Fonds. L’accord n’est pas loin mais les Etats-Unis, derrière lesquels se cachent les autres pays industrialisés, menacent de tout bloquer.
Prolongation de Kyoto. Faut-il continuer avec le Protocole de Kyoto ? Les pays en développement l’exigent. Les pays industrialisés sont divisés : pour le Japon ou la Russie, c’est clairement non ; l’Europe est prête à accepter ; les Etats-Unis s’en moquent car ils ne font pas partie de Kyoto. C’est LE sujet chaud de Cancún, celui qui pourrait provoquer l’échec complet de la négociation.
Vérification des réductions d’émissions dans les pays en développement. C’est un autre sujet bouillant. La Chine va-t-elle accepter que la communauté internationale se mêle de ses affaires et puisse vérifier que ses promesses sont tenues sur le terrain Sur ce sujet, ce sont les pays industrialisés qui exigent des avancées. Les grands émergents, Chine en tête, vendront chèrement leur bulletin de vote. Ils ont été plutôt ouverts jusque là, mais le durcissement du Japon et de la Russie sur le Protocole de Kyoto pourrait changer la donne.
Vérification des engagements financiers des pays riches. Ils ont promis de l’argent à Copenhague. Mais tiennent-ils leurs promesses ? Pour s’en assurer, les pays en développement leur demandent d’ouvrir leurs livres de comptes. Mais il faut croire que les pays riches préfèrent la transparence pour les autres, plutôt que la transparence pour eux-mêmes…
Caractère contraignant des engagements des Etats-Unis et des grands pays émergents. Ces pays ne faisant pas partie du Protocole de Kyoto, leurs engagements ressemblent un peu trop à des promesses qu’on peut facilement jeter à la poubelle. Idéalement, ils entreraient dans un mécanisme légalement contraignant. C’est ce qu’exigent l’Union européenne et quelques autres pays. Mais les Etats-Unis et la Chine ne semblent pas pressés d’accéder à cette demande. C’est certes un sujet très chaud, mais qui ne sera certainement pas résolu à Cancún.
Quid des réductions d’émissions de gaz à effet de serre dans tout ça ? Les promesses faites à Copenhague sont insuffisantes : elles conduiraient à un réchauffement planétaire inacceptable de 3°C. Il faut donc s’assurer qu’en 2011, le niveau d’ambition sera augmenté. Plus facile à dire qu’à faire : peu de pays poussent pour remettre tout de suite ce sujet délicat sur la table…