Election de la commission Juncker : déjà à bout de souffle ?
Dans sa présentation de la commission, M. Juncker nous a promis un «souffle nouveau au projet européen (…) à l’heure où les citoyens perdent la foi dans nos institutions ». Or lui et son équipe paraîssent finalement d’ores et déjà à bout de souffle.
Si lors de son audition par notre groupe écologiste, M. Juncker avait fait une assez bonne impression, semblant vouloir doter l’UE d’un véritable exécutif, il y a eu depuis rupture de confiance. Les auditions des commissaires par le Parlement européen ont mis en lumière un grand nombre de problèmes au sein de la nouvelle commission, dont le choix de personnalités indéfendables par certains Etats membres rendant impossible un soutien des écologistes: inadéquation totale entre compétences et attributions des fonctions de certains candidats, absence de parité dans la composition de la commission (neuf femmes sur ving-huit postes), conflits d’intérêts patents de certains commissaires avec leur portefeuille, et en particulier le commissaire désigné au climat et à l’énergie Miguel Arias Canete, véritable bombe à retardement de cette commission. Il est à noter également l’absence total d’un discours clair et ambitieux sur la lutte contre le dérèglement climatique, sur les inégalités, sur l’agriculture ou encore sur l’alimentation.
Reste à voir de quoi sera fait le plan de 300 milliards d’euros promis par M. Juncker pour investir dans l’économie européenne et si les différents groupes politiques seront entendus pour pouvoir l’amender si besoin.
Si le nouveau président de la Commission, en vieux briscard de la politique européenne, s’est montré habile tout au long de ces derniers mois, tout ceci est au final assez pervers. Ceci n’est pas à la hauteur tant vis-à-vis des immenses enjeux auxquels est confrontée l’Union européenne que face à la montée inexorable de l’euroscepticisme parmi les Européens, lassés de ces petits jeux de pouvoir. L’Europe mérite mieux qu’une grande coalition des hypocrites et des promesses qui n’engagent que celles et ceux, très peu nombreux, qui y croient vraiment. Notre non reste un non pro-européen, parce qu’une autre Europe est possible. Après dix années perdues sous José Manuel Barroso, aujourd’hui est encore un rendez-vous manqué pour l’intérêt général européen.