Evasion fiscale: les révélations du LuxLeaks ont fait tomber les masques
Les riches individus ont longtemps été les principaux bénéficiaires de l’évasion fiscale. Du dentiste belge à l’ancien ministre Cahuzac, la richesse mise à l’écart des regards s’élève à plusieurs dizaines de milliards d’euros rien que pour la France. Le scandale Swissleaks a mis en évidence l’étendue de l’opacité qui protège également la grande criminalité et jusqu’aux « parrains » du terrorisme. Cet argent caché et sur lequel aucun impôt n’est payé, c’est le poids de la solidarité que l’on fait peser sur les classes moyennes.
Depuis les années 90, les multinationales ont profité de la libéralisation des échanges et de la volonté politique de favoriser les champions économiques pour s’échapper de leurs obligations d’abord dans les pays en développement et maintenant chez nous. L’UE est devenue un terrain de jeu pour ces entreprises aux centaines de filiales plus ou moins fictives. Au cœur des montages révélés par le scandale Luxleaks, les cabinets d’audit organisent dans les moindres détails ce hold up. Les caisses publiques se vident et ce sont finalement aux PME de payer la note.
Si l’Europe peut paraitre si impuissante, c’est qu’elle compte en son sein pas moins de 10 territoires que l’on peut qualifier de paradis fiscaux. Le Luxembourg, les Pays-Bas et l’Irlande étant les plus résistants. Pour le premier, l’industrie de l’opacité et du faible contrôle représente près de 40% du PIB. Mais généralement, pour les millions gagnés, ce sont des milliards qui disparaissent. La cohésion de l’UE est menacée par cette guerre fiscale. Il est temps d’y mettre fin.
Au Parlement européen, les écologistes veulent mettre Juncker au pied du mur
La bombe Luxleaks a déstabilisé la Commission européenne et son président fraichement élu Jean-Claude Juncker. Celui qui fut pendant près de 20 ans Premier
ministre du Luxembourg s’est retrouvé soudainement pris à la gorge. Mais c’était sans compter le soutien de son ami Martin Schulz, le Président du Parlement européen. Garant de la “grande coalition” entre socialistes, libéraux et conservateurs à la tête de l’Europe, il a refusé notre demande de lancer une commission d’enquête du Parlement européen, par crainte de ce qu’elle pourrait révéler au grand jour sur l’implication des uns et des autres dans ces montages fiscaux obscures. Il faudra nous satisfaire d’une “commission spéciale” aux pouvoirs limités.
Mais il en faudra plus pour décourager les écologistes dans leur détermination à lutter contre l’évasion et l’opacité fiscale ! …
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