La voiture électrique : pourquoi les écologistes ne sont pas très enthousiastes
La voiture « propre » : un bon plan de communication
Ce n’est pas une surprise : pour faire avancer une voiture électrique, il faut de l’électricité – et sa production dégage du CO2 et de la pollution. Le journal Terra Economica le résume ainsi : « La seule voiture qui ne pollue pas est celle qui n’est pas construite ». Pour Europe Écologie, il n’existe de « voitures propres » que dans les stratégies de communication des équipementiers. Dessiner l’avenir de l’automobile électrique en France, c’est encourager l’usage de l’énergie nucléaire. Celle-ci repose sur une ressource limitée, l’uranium, et n’apporte aucune solution durable à la crise énergétique tout en présentant des risques inacceptables et une accumulation croissante de déchets ingérables. Les eurodéputés l’ont bien résumé quand ils ont adopté une résolution sur « l’existence d’un marché unique des véhicules électriques » en Europe (en mai 2010) : « Le recours à l’électricité dans le domaine des transports ne pourra se faire que si la production d’électricité en Europe est massivement redirigée vers les énergies renouvelables. »
En Europe, l’impact de la voiture électrique sur les émissions de gaz à effet de serre dépend donc de l’énergie utilisée pour produire l’électricité. Quand il s’agit du charbon, le bilan est équivalent à celui d’une voiture à essence. En France, tout dépend de l’heure à laquelle vous souhaiter recharger les batteries. « Pendant les ‘heures pleines’, en fin d’après-midi, le nucléaire français ne peut plus répondre à la demande et pour assurer l’approvisionnement, on va chercher l’électricité du côté des centrales à charbon allemandes », explique Yannick Jadot, coordinateur de la campagne climat du groupe des Verts/ALE. Le charbon : autant dire, une énergie « sale ».
Il faut agir… maintenant
Lors du débat en plénière, les Verts européens ont ajouté un léger bémol au projet d’harmoniser le marché de la voiture électrique en Europe : si ces voitures représentent une grande avancée technologique, estiment-ils, il ne faut pas ignorer les difficultés rencontrées dans leur mise en œuvre. De fait, en France, seulement 14 voitures électriques ont été vendues en 2009 à des particuliers, selon le journal Terra Economica. Face à ce marché plus que confidentiel, on peut se poser la question des efforts à entreprendre prioritairement afin de limiter l’impact de nos modes de transport sur le climat. « Les années qui viennent seront indubitablement dominées par les moteurs thermiques, estime Yannick Jadot. La voiture électrique ne peut pas servir d’excuse aux constructeurs : ils doivent fortement améliorer la performance énergétique des voitures traditionnelles. »
Pour Europe Écologie, la recherche et les innovations technologiques doivent permettre aux véhicules actuels fonctionnant au pétrole de dégager moins de CO2. Les normes européennes en la matière doivent d’ailleurs être renforcées au niveau européen : « Nous ne pouvons nous contenter des objectifs fixés en 2008, confirme le député européen. Ceux-ci avaient été affaiblis par le lobby des constructeurs automobiles et par l’Allemagne, avec la bénédiction de la France alors président de l’Union européenne. »
Diversifier les modes de transports
Sortir de la société du « tout voiture », l’idée ne fait pas recette au Mondial de l’auto. Pourtant, une ville durable – où la mobilité urbaine s’organiserait autour de transports en commun accessibles, de vélos ou de véhicules partagés – est possible. Dans son programme aux Européennes 2009, Europe Écologie proposait un contrat de conversion écologique de l’industrie automobile en échange des aides publiques. Brider la puissance, construire des véhicules qui consommeraient moins… La sobriété énergétique a plusieurs visages et la voiture électrique peut trouver sa place sur le long terme, au sein d’une politique commune de la mobilité et des transports en Europe. En revanche, tout miser sur elle à court terme, et à grand renfort de publicités, n’est ni réaliste, ni durable.