Roms : «l’anti-sarkozisme n’est pas le problème des députés européens»

13 septembre 2010

11/09/2010

POLITIQUE – «Il est question d’égalité des citoyens devant la loi, pas de tactique politicienne», a répondu hier à Lille, la députée européenne Hélène Flautre (Verts), à Eric Besson. Le ministre français de l’Immigration avait qualifié le texte des députés européens qui demandent à la France de cesser les expulsions de Roms, de «basse opération politique» et de «diktat».

Tracteurs. «En votant ce texte, on a dit «Non, on n’est pas sur la pente glissante où le plus discriminant est toujours le vainqueur»», dit la députée en conférence de presse avec des élus verts, le collectif Roms, et Amnesty international. Le texte des parlementaires européens est passé avec près de 100 voix d’avance. Majorité large, avec des voix de droite, «parce que ne découvrons pas le problème», estime Hélène Flautre. Pas d’anti-sarkozisme, assure la députée. «Les députés européens ce ne n’est pas leur problème. Le problème, c’est leur inquiétude de voir en France et en Italie des pratiques et des discours discriminatoires». Et puis : «Des amalgames entre Roms et criminalité, trafics d’êtres humains, prostitution, les responsables politiques au plus haut niveau en font comme ils respirent». Elle cite le cas d’un député européen français qui faisait le lien entre les Roms et le vol de onze tracteurs dans son canton. A côté d’elle le conseiller régional Vert Dominique Plancke se marre : «on est passé des poules au tracteur».

«Il y a un côté : «Moi j’en bave, je vois pas pourquoi on aiderait les autres». Les gens ne pensent plus au bouclier fiscal», ajoute Marie-Christine Blandin (Verts), sénatrice. Elle parle de «poison dans les têtes. A Ronchin, ma boulangère fait carrément signer une pétition contre les Roms! Il y a un travail de pédagogie à faire.».

Cabanes.Réponse de Yann Lafolie, étudiant paysagiste, impliqué dans l’aide aux Roms : «Il suffit de les inviter à venir sur les camps, pour voir». A 14h aujourd’hui, avec des planches et des objets de récup’, il monte des cabanes avec ses copains étudiants en architecture et d’autres citoyens solidaires sur un terrain de Villeneuve d’Ascq, sans l’aide des collectivités. «On va faire avec les moyens du bord. Même des sacs poubelle, quand on les demande à la mairie pour nettoyer le campement -ce sont les Roms qui nettoient-, on ne les a pas». Leur campement de Mons-en-baroeul a été détruit le 26 août. «Leurs cabanes étaient chauffées. Elles ont été passées au bulldozer. Maintenant, ils se retrouvent sous tentes». Bruno Mattei, du collectif Roms attend en vain de l’aide du cabinet de Martine Aubry à Lille Métropole. «On fait leur boulot. On a envoyé des lettres à tous les maires de la communauté urbaine, pour leur demander d’accueillir une, deux ou trois familles chacun». Le modèle des villages d’insertion, qui marche, à Lille, Roubaix, Faches, Halluin, et concerne «86 à 87 personnes», selon Dominique Plancke.

Est-ce jouable pour les quelque 200 familles Roms de la métropole? La députée verte plaide que que Lille Métropole devienne «un lieu d’excellence. Et l’argent existe. Beaucoup de fonds européens ne sont pas dépensés, une dizaine de milliards sur six ans, pour favoriser l’accès à l’emploi, au logement, à l’éducation, aux soins».

Elle accuse la France : «Ici, on le fait exprès. Il faut être extrêmement malin pour trouver du travail ici, quand on vient de Roumanie. Il y a une liste de métiers autorisés et en plus, l’employeur est taxé. Après, on dit aux gens : vous n’avez pas de revenus, on vous expulse!».

Haydée Sabéran

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