Banque du Climat : la BEI doit agir, maintenant !

10 juillet 2020

Ce jeudi 9 juillet, le Parlement européen a adopté à une très large majorité le rapport rédigé par David Cormand sur les activités de la Banque européenne d’investissement. Ce sont au total 5 groupes politiques du Parlement qui se sont entendus pour trouver un accord ambitieux pour le climat.

La BEI, en effet, n’est pas n’importe quelle banque : c’est la première banque publique mondiale, et elle est appelée à devenir la Banque européenne du Climat. Mais avant de pouvoir être qualifiée de telle, il reste du chemin à parcourir. Le rapport pointe de nombreuses voies à emprunter en ce sens, et incite la BEI à ne pas utiliser la crise du Covid-19 pour remettre à plus tard sa mutation.

Les eurodéputé.es attendent notamment de la BEI qu’elle décrive en détail sa méthode pour augmenter la part de ses investissements climat jusqu’à 50% des activités totales de la banque. De même, son engagement à aligner dès 2020 toutes ses opérations sur les objectifs de Paris nécessite des mesures concrètes. Le document communiqué par la banque reprenant ses orientations pour la feuille de route climatique a laissé de nombreuses questions en suspens : le Parlement rappelle en particulier l’importance de conditionner ses prêts au respect des objectifs de décarbonisation de l’UE pour 2050.

L’une des premières étapes dans le chemin de la décarbonisation est la révision de la politique de prêts au secteur des transports. Ce secteur participe encore lourdement aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, et il est capital que l’Union européenne ne puisse plus subventionner les infrastructures polluantes. Les député.es européen.nes ont rappelé l’urgence de revoir cette politique de prêts afin de l’aligner sur l’Accord de Paris.

Une majorité du Parlement a par ailleurs voulu encourager le financement de la BEI au secteur de l’aviation décarbonnée, ce qui est regrettable du point de vue de David Cormand, tant nous avons besoin de limiter drastiquement la place de l’avion dans nos déplacements. Les groupes libéraux (LREM) et conservateurs se sont également entendus pour voter en faveur d’un paragraphe digne des discours du monde d’avant, où la recherche de la croissance à tout prix prime sur les ambitions climatiques de l’Europe. Sans surprise, la coalition anti-climat s’organise aussi au Parlement européen.

Il est tout aussi crucial d’améliorer la transparence des prêts, surtout lorsque les lignes de crédit transitent par des intermédiaires financiers (le plus souvent des banques commerciales). Il faut pouvoir suivre au centime près l’utilisation de l’argent public, et c’est ce qu’ont rappelé les parlementaires dans ce rapport. Ceci implique également un devoir de vigilance accru en ce qui concerne le respect des droits humains et des communautés autochtones impactées par les projets financés par la banque, ainsi que la lutte contre le blanchiment d’argent, pour laquelle la BEI doit encore renforcer son action.

Cette semaine, le Parlement européen a clairement exprimé sa position, et dans les mois et années qui viennent, David Cormand, en tant que rapporteur permanent sur ce sujet, restera particulièrement attentif à ce que ses demandes soient entendues.

Le rapport peut être consulté en ligne.

 

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