Ebru Timtik : jusqu’au bout, jusqu’à en mourir

4 septembre 2020

238 jours de grève de la faim ont emporté la vie de cette avocate kurde de 42 ans qui réclamait, avec ses compagnons, un procès équitable du fond de sa cellule. D’autres comme elle sont aussi réduits à ce combat ultime. Leur courage met à nu le régime fasciste et dictatorial qu’Erdogan impose à la Turquie en général et qui frappe avec férocité le peuple kurde.

L’émotion est immense et résonne dans le monde entier. Le courage inouï de cette femme exprime une nouvelle fois à quel point la détermination du peuple kurde est grande et la part essentielle prise par les femmes dans son combat sans merci pour la liberté.
Face à un régime dictatorial qui écrase toute liberté aux portes mêmes de l’Europe, les Kurdes sont en première ligne. Ils résistent, ils fédèrent avec eux l’opposition démocratique jusqu’à gagner les élections en faisant élire des dizaines de député·e·s, malgré un règlement  électoral conçu pour les en empêcher. Ils ont besoin de la solidarité internationale 

Le leader qui les avait conduit à une grande victoire électorale, Salahattin Demirtas, est, depuis son élection il y a cinq ans, avec de nombreux autres député·e·s élu·e·s comme lui, dans les prisons turques. Chez Erdogan, chaque opposant·e est un·e “terroriste” et l’opinion internationale ferme les yeux, à commencer par l’Europe qui n’est jamais allée plus loin que des condamnations de principe.

Face à tant d’inertie, dont les raisons principales sont de basse politique pour la question migratoire, Erdogan s’enhardit et multiplie les provocations. Il s’approprie les eaux territoriales des pays voisins membres de l’Union Européenne, la Grèce et Chypre, il envahit la Syrie pour combattre les forces démocratiques kurdes du Rojava et il menace la paix dans toute la partie orientale du Bassin méditerranéen.

En maintenant le PKK sur la liste internationale des “organisations terroristes”, en continuant d’abreuver l’armée turque d’armements, en refusant d’entrer dans une politique de sanctions économiques et diplomatiques, les États européens, et l’Union européenne en général, se rendent complices des exactions du régime turc.

La mort atroce d’Ebru Timtik doit enfin réveiller les consciences. Le fascisme s’est installé à Ankara et Istanbul. Plus on tardera à le combattre, plus il nous menacera.

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