Marie Toussaint sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises
Des failles assez grandes pour y faire passer une citerne de diesel. Voilà les mots avec lesquels Antonio Guterres a qualifié les écarts béants entre les engagements et les actes des entreprises en matière climatique.
Nous adoptons, aujourd’hui, la législation européenne en matière d’obligation de reporting des entreprises qui échangent des produits sur nos marchés. Et c’est essentiel. Car comment l’Europe peut-elle décemment prétendre défendre les droits humains, les droits sociaux et syndicaux et ceux du vivant sans se doter des outils solides pour encadrer l’activité économique ?
Les lois de l’économie ne sont ni supérieures aux lois de la nature ni aux valeurs constitutives de l’humanité.
Mais j’en reviens aux dissimulations toxiques dénoncées par Antonio Guterres. Nous découvrions, la semaine passée, que Total, 19ᵉ pollueuse mondiale, aux profits faramineux, aurait amplement minoré le reporting de ses émissions de gaz à effet de serre. Ce « Total gate », parce que s’en est un, met en évidence deux choses. D’abord, que nous devons élaborer démocratiquement les méthodes avec lesquelles ces entreprises calculent et présentent leurs émissions, mais aussi qu’il nous reste beaucoup de travail, beaucoup, pour faire en sorte que les règles que nous élaborons, que les valeurs que nous prétendons défendre soient enfin respectées.
Ne laissons pas les multinationales dicter les lois du monde. Prenons, au contraire, toute notre part à la bataille visant à civiliser l’économie. Le plus dur est devant nous.
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