Marie Toussaint sur la responsabilité environnementale des entreprises
« Depuis plus de 50 ans, les États du monde s’engagent.
Pourtant, nous continuons à détruire le climat et les écosystèmes à un rythme sans précédent.
Pourquoi ? Parce que la course au profit et le dogme fou d’une croissance infinie dans un monde fini continuent à définir l’ensemble de nos politiques.
Nous devons ouvrir les yeux : la recherche incessante de l’intérêt économique de court-terme détruit le vivant et met en danger la capacité de l’humanité à habiter notre planète.
Le pouvoir de l’argent ne doit plus l’emporter sur la nécessité de protéger le vivant.
C’est pourquoi le sujet qui nous réunit aujourd’hui, celui de la responsabilité environnementale, est absolument crucial.
Pour ne citer qu’elles, les entreprises Total, Shell, Bayer-Monsanto, mais aussi BNP Paribas ou BlackRock, n’ont encore, aujourd’hui, aucune obligation réelle de protéger le climat, le vivant ou de respecter les limites planétaires.
100 entreprises seulement furent responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre entre 1988 et 2015. Aucune n’en n’est tenue responsable.
Ce n’est pas tout. En Guadeloupe et en Martinique, 90% de la population est contaminée par le chlordécone, nulle responsabilité n’a encore été reconnue.
Les premiers impactés sont toujours les travailleurs : ouvriers agricoles en Guadeloupe et en Martinique, ouvriers encore qui subissent les poussières de mines ou les poussières d’amiante, femmes de chambre contraintes d’utiliser des produits toxiques.
Le profit, quant à lui, coule dans les poches d’entreprises trop rarement soumises à des obligations de réparation.
Pour le climat, pour la justice, nous appelons, aujourd’hui, à reconnaître la valeur intrinsèque des écosystèmes et leur droit à être protégés. Un pas de géant pour les droits de la nature en Europe.Nous appelons à contraindre les entreprises à respecter l’Accord de Paris, mais aussi, à reconnaître le crime d’écocide, ces graves atteintes à la planète, toujours impunies, dès aujourd’hui et sans attendre, dans le droit européen.
Les lois de l’économie ne sont pas au-dessus des lois de la nature.
Si nous voulons préserver le climat, le vivant et nos droits,
nous devons transformer en profondeur les règles régissant la responsabilité environnementale.
Je remercie le rapporteur et mes collègues pour le travail effectué à cet égard. »
Les commentaires sont fermés.