Marie Toussaint sur les polluants persistants et la révision du règlement REACH
Mercredi 19 avril, Marie Toussaint est intervenue dans le débat intitulé « Pour une population en bonne santé, une eau potable et des terres vivables : se débarrasser maintenant des polluants persistants et renforcer la législation de l’Union sur les produits chimiques ».
Son intervention ⬇️
« Nous avons rendu la planète inhospitalière à la vie humaine en la contaminant de manière irréversible. » Ces mots sont ceux du chercheur scientifique Ian Cousins évoquant les PFAS – per et polyfluorés – une famille de plus de 10 000 substances éminemment toxiques et tellement persistantes qu’elles ne disparaîtront jamais de la Terre.
Ces polluants éternels sont en effet partout : dans nos ustensiles de cuisine, nos vêtements, nos emballages, nos peintures, nos cosmétiques, nos batteries de voiture et même nos prothèses dentaires ou notre papier toilette. On retrouve aussi ces polluants éternels dans les pesticides que nous épandons dans nos champs et jusque dans nos utérus.
Le sujet qui nous réunit aujourd’hui est grave. Peut-être même le plus grand scandale du XXIᵉ siècle et des siècles à venir. Derrière cette réalité brute, des vies gâchées, des écosystèmes détruits, cancers du rein, du sein, des testicules, réduction de la fertilité, de la réponse immunitaire aux vaccins chez les enfants, obésité aussi – un enfant sur trois -, maladies de la thyroïde ou encore risque cardiovasculaire et tant d’autres maladies, sûrement, pour lesquelles le lien n’est pas encore établi.
Qu’attendons-nous pour sortir de la civilisation des toxiques ? Le Consortium européen de journalistes « Forever Pollutant Project » a récemment révélé que 17 000 sites industriels sont hautement contaminés en Europe et 21 500 autres susceptibles de l’être si seulement nous nous donnions la peine d’analyser les pollutions qui s’y trouvent. Quatre États membres ont récemment demandé l’interdiction totale des substances de la famille PFAS. Je veux ici leur dire tout mon soutien. Mais il nous faut agir maintenant, et pas seulement dans quelques années, le temps de traiter la demande de ces quatre États. Le simple fait que les contaminations par les PFAS aient été possibles pointe l’échec de nos règles actuelles sur les produits chimiques. C’est pourquoi il nous faut réviser le règlement REACH relatif aux produits chimiques avec la plus grande urgence. Si la proposition de la Commission ne nous est pas présentée en juin, nous ne serons pas en mesure de l’adopter d’ici la fin du mandat et la Commission de tenir ses promesses, maintes fois répétées, d’une Europe enfin libérée des produits toxiques. Rappelons qu’il s’agit-là de 10 % de cancers qui pourraient être évités. Durant le temps de mon intervention, ce sont plus de 2000 tonnes de polluants éternels qui ont été produites. Alors soyons enfin responsables et tournons la page de la civilisation des toxiques. »
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