Pourquoi nous ne voulons plus de José Manuel Barroso
De notre point de vue et de celui de tous ceux qui militent pour une Europe qui avance vers un nouveau projet de société, le bilan du président sortant est très médiocre. En quelques domaines que ce soient, M. Barroso est resté le pied sur le frein. (Lire ci-dessous le détail de nos appréciations et critiques)
Ce choix s’est spectaculairement révélé au cours d’un mandat marqué par un événement extraordinaire: l’explosion d’une crise globale de notre modèle de développement. C’est peu dire qu’il n’a pas vu venir celle-ci et qu’il l’a subie sans réagir. Inévitable : les orientations de M. Barroso relèvent justement des convictions qui ont été à la source de cette crise, en particulier sa propension à la libération des forces du marché et à la dérégulation.
M. Barroso a-t-il changé sous l’impact de cette crise ? Son programme – Orientations politiques pour la prochaine Commission (lire ci dessous) -, s’il prend acte du « défi » de l’époque, nous laisse dubitatif. Nous avons lu attentivement votre document. Après l’avoir lu, nous avons cherché combien de fois vous y utilisiez le terme « paradis fiscaux » : la réponse est…0. Nous avons cherché l’expression « harmonisation fiscale »: la réponse est…0. Nous avons cherché le mot « capitalisme »: la réponse est …0. Nous avons cherché le mot « spéculation »: la réponse est…0. Comment croire qu’un texte qui ne parle, aujourd’hui, ni du capitalisme, ni de la spéculation, ni des paradis fiscaux propose une vision pertinente et ambitieuse pour l’Europe, et le monde, dans les 5 ans qui viennent ?
Par ailleurs, les généralités ne suffisent pas à construire une politique et on ne distingue pas dans ce projet les priorités écologiques et sociales qui s’imposent. M. Barroso semble disposé à infléchir sa politique mais à condition qu’elle reste dans le cadre idéologique et économique qu’il a toujours appliqué.
« Pour l’Europe, l’heure de vérité a sonné » s’exclame M. Barroso. Pour nous, cette vérité ne triomphera pas avec cet homme là qui n’a pas su ou voulu réagir au bouleversement du monde et qui ne propose somme toute qu’une reconduction du statut quo dont l’Europe, justement, doit sortir si elle veut dépasser la crise et ouvrir une nouvelle voie à la mondialisation.
– Mon Europe mérite mieux que Barroso !; de Sandrine Bélier, députée Europe Écologie, Slate le 27 août 2009.