Rapport du GIEC : l’impératif d’une action immédiate pour un avenir vivable

6 avril 2022

Le message qui nous est envoyé par les scientifiques du monde entier est très clair : nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré pour 2050.

Nous atteignons aujourd’hui la toute dernière limite pour entreprendre une action immédiate et forte de lutte contre le réchauffement climatique. Après, il sera trop tard, il n’y aura pas de marche arrière possible, pas de solution technique miracle. Le seuil vers un monde invivable de problèmes agricoles, hydriques et géopolitiques sera franchi.

Un nouveau volet du rapport du GIEC

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient de publier le dernier volet de son sixième rapport. Après un premier volet sur les bases physiques du changement climatique, un second sur les impacts de la crise climatique et l’adaptation à cette dernière, cette publication se concentre sur l’atténuation du changement climatique, c’est-à-dire les mesures à mettre en œuvre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES).

Un constat simple

Pour les scientifiques, « c’est maintenant ou jamais si nous voulons limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré. Sans réduction forte et immédiate des émissions de GES à travers tous les secteurs, il sera impossible d’atteindre cet objectif« 1. Les émissions de GES doivent atteindre leur pic d’ici 2025, d’ici donc moins de 3 ans. Il faut réduire nos émissions de CO2 de 43 % et d’1/3 pour le méthane (gaz) d’ici 2030. Nous ne sommes pas du tout sur la bonne voie. En effet, si tous les pays respectent les engagements qu’ils ont pris lors de la dernière COP à Glasgow, ce qui semble peu probable, les émissions de CO2 augmenteront de 16 % d’ici à 2030.

Pourquoi l’objectif de 1,5 degré est-il si important ?

Le changement climatique n’est pas uniforme. Ainsi, lorsque l’on parle de 1,5 degré de réchauffement par rapport au niveau préindustriel, c’est une estimation globale. Dans certaines parties du monde, le réchauffement sera plus élevé, avec les conséquences dramatiques associées, liées, notamment, à variabilité de la météo.

Nous sommes aujourd’hui à +1,1 degré en moyenne par rapport à l’ère préindustrielle. Avec les engagements de nos pays, nous allons actuellement vers un réchauffement de 2,7 degrés en moyenne. Pour faire simple, à 1,5 degré, notre monde reste vivable, pas idéal, mais vivable. Chaque demi-degré ajouté amplifie les conséquences irréversibles déjà visibles : multiplication des événements météorologiques intenses et catastrophes environnementales (tempêtes, inondations, sécheresses, etc.), risque de famine (météo, fertilité des sols, disparition des insectes pollinisateurs), disparition d’écosystèmes entiers (forêts, récifs coralliens, etc.), migrations de masse face à la disparition irrémédiable de certains territoires. La liste est longue et amplifiée par le fait que nous nous avons provoqué la sixième extinction de masse des espèces, la dernière étant celle des dinosaures.

L’équation X niveau de CO2 engendre X degrés supplémentaires engendre X conséquences a ses limites. Les scientifiques nous préviennent qu’il y a un point de bascule avec des conséquences terribles au niveau mondial qui seraient impossibles à contrôler. Ainsi, on pourrait avoir l’effondrement total des calottes glaciaires, capable de faire monter la mer de dizaines de mètres ; le dégel du pergélisol qui renferme des volumes immenses de carbone et de méthane ; ou encore la transformation en savane de l’Amazonie qui absorbe une partie vitale du CO2 émis par les activités humaines2. Cette rupture peut avoir lieu à 2 ou même 2,5 degrés : plus l’on s’éloigne de 1,5 degré, plus le risque est élevé.

Propositions du GIEC pour limiter le changement climatique

Comme le GIEC le souligne, le changement climatique est le résultat de plus d’un siècle d’utilisation non durable de l’énergie et des sols, de modes de vie et de modèles de consommation et de production détruisant la biosphère. Voici des pistes pour y remédier.

Une transition majeure obligatoire dans le domaine énergétique

Pour les scientifiques, la réduction drastique de l’utilisation des combustibles fossiles, l’électrification généralisée et l’amélioration de l’efficacité énergétique sont essentielles pour réduire nos émissions de GES.

Des investissements en phase avec les objectifs fixés

D’après le GIEC, malgré l’existence de suffisamment de capitaux et de liquidités au niveau mondial, les flux financiers investis dans la transition sont de 3 à 6 fois inférieurs aux niveaux nécessaires d’ici à 2030 pour limiter le réchauffement à moins de 2 degrés. Un signal clair de la part des gouvernements et de la communauté internationale, notamment sur les investissements du secteur public, est nécessaire.

Réduction des émissions de l’industrie

Le secteur industriel représente ¼ des émissions de GES. Il faut promouvoir une utilisation plus efficace des matériaux, la réutilisation et le recyclage des produits et la réduction des déchets. Ce retard est d’autant plus regrettable que, pour les matériaux de base, notamment l’acier, les matériaux de construction et les produits chimiques, les procédés de production avec émissions faibles ou nulles sont au stade quasi commercial.

Changement de notre mode de vie

La mise en place des politiques, des infrastructures et des technologies adéquates pour permettre de modifier nos modes de vie et nos comportements peut entraîner une réduction de 40 à 70 % des émissions de GES d’ici à 2050. Cela représente un potentiel inexploité considérable avec des effets positifs sur notre santé et notre bien-être.

Potentiel inexploité des villes

Les villes et autres zones urbaines offrent aussi d’importantes possibilités de réduction des émissions. Celles-ci peuvent être obtenues par une consommation d’énergie plus faible (en promouvant « la ville du quart d’heure » où tous les services sont accessibles à pied ou à vélo en maximum 15 minutes), l’électrification des transports et le développement des bâtiments à énergie positive.

Préservation des puits de carbone naturels

Les puits de carbone naturels, comme les forêts ou les océans, sont essentiels pour éliminer et stocker le CO2 à grande échelle. La préservation et la restauration de nos écosystèmes demeure une priorité.

1 Communiqué de presse du GIEC (en anglais)

2 Climat : « Il est temps d’agir » prévient le GIEC

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