Retour de l’austérité budgétaire
La majorité parlementaire européenne signe le retour de l’austérité budgétaire.
L’alliance des conservateurs, libéraux et socialistes a voté, mardi 23 avril, l’accord final sur la réforme des règles budgétaires et de la gouvernance économique de l’Union européenne. Ils signent le retour de l’austérité, en pleine crise sociale et environnementale.
Pour Marie Toussaint, eurodéputée écologiste :
“En soutenant le retour à l’austérité budgétaire, les droites européennes, les libéraux et les socialistes sont en train de condamner notre avenir. Avec cette réforme, l’Union européenne avait l’opportunité de repenser complètement ses règles budgétaires pour permettre les investissements dont nous avons besoin pour la transition écologique, nos services publics, la transformation et la relocalisation de notre économie. Mais, s’ils ont concédé quelques modifications, les conservateurs, libéraux et socialistes restent enfermés dans leur obsession du contrôle de la dette publique, sans qu’aucune réflexion n’entre en compte sur l’utilisation de cette dette.
Une étude de la Confédération européenne des syndicats (CES) a montré que, pour la France, dont le déficit budgétaire est estimé par la Commission européenne à 4,7 % en 2023, la réduction de dépense exigée pour entrer dans les clous des règles budgétaires européennes représente l’équivalent du financement de 371 888 infirmières et infirmiers ou 492 327 enseignantes et enseignants.
Une autre étude (en anglais), commandée par le groupe Verts/ALE, a également mis en évidence le déficit important en matière de financement public dans la transition écologique. Elle conclut qu’un investissement supplémentaire de 245 milliards d’argent public serait nécessaire d’ici 2050 pour atteindre les objectifs climatiques fixés dans la législation européenne, représentant environ 1,5 % du PIB actuel européen.
Avec le retour de l’austérité, les États qui investiront dans la transition énergétique devront donc, pour le faire, couper dans leurs dépenses sociales ou dans les services publics. Il faudra choisir entre justice sociale et justice environnementale. Aucune distinction ne sera faite entre un investissement public dans un projet inutile et destructeur comme l’A69 et le financement de petites lignes ferroviaires du quotidien. Bref, les règles budgétaires européennes remises à l’ordre du jour sont mauvaises : elles sont contre-productives, court-termistes, ne distinguent pas les bons des mauvais investissements et sont basées sur des valeurs de références arbitraires, décidées il y a 30 ans dans un contexte très différent et sans aucune justification économique.
Avec les écologistes, nous avions porté, avant même la proposition de la Commission et tout au long des négociations, des propositions fortes pour que le nouveau pacte ne se concentre pas sur la quantité des dépenses et des emprunts, mais qu’il évalue plutôt leur qualité et permette, ainsi, de garantir la justice sociale et une action climatique forte de l’Union européenne. Nous avions le soutien des syndicats européens et de la société civile, mais la majorité parlementaire en a décidé autrement.
Nous ne lâchons rien pour changer la donne et construire une nouvelle Union européenne.”
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