SNCF : L’Europe n’a jamais demandé l’abandon du statut des cheminots
Karima DELLI, députée européenne EELV et présidente de la Commission Transports du Parlement européen a suivi les négociations sur le 4ème paquet ferroviaire. Elle s’exprime dans les colonnes de L’Usine Nouvelle sur la future réforme de la SNCF.
Suite au vote du quatrième paquet ferroviaire, l’ouverture à la concurrence était inéluctable. Pour autant, était-il nécessaire d’aller aussi loin dans la réforme ?
J’entends certains sur les ondes radiophoniques ou à la télévision accabler l’Europe et l’accuser de tous les maux. Il faut arrêter de se servir de l’Europe. Oui, l’Europe a ouvert le marché du rail en France. Oui, il y aura des concurrents à la SNCF à partir de 2019 sur les TER et de 2020 sur les TGV. Il est vrai que cela comporte des risques de dégradation du réseau et du service, de hausse des prix et d’abandon des tarifs pour les étudiants et les personnes âgées. Mais en aucun cas, l’Europe ne demande aux entreprises publiques de devenir des entreprises privées. Et trop souvent, on fait l’amalgame entre libéralisation et privatisation. Le bon exemple pour la privatisation c’est le Royaume-Uni. Cela s’est traduit pas une hausse importante des accidents et des tarifs. Et aujourd’hui, une majorité des Britanniques est favorable à une renationalisation des chemins de fer.
La SNCF peut garder son organisation actuelle avec trois EPIC ?
Oui, la SNCF doit rester une entreprise publique. Avec une SNCF réorganisée en sociétés anonymes, il ne lui sera plus possible de s’endetter, or nous avons besoin d’investir pour entretenir le réseau.
Oui, mais la dette est le véritable problème de la SNCF. Que pensez-vous du flou entretenu par le gouvernement ?
Les raisons de la dette de la SNCF tiennent en trois lettres : T.G.V. La France a deux réseaux à entretenir : les lignes à grande vitesse et le réseau secondaire. En Allemagne, les trains à grande vitesse roulent sur les mêmes lignes que les autres trains. La seule condition pour relancer le ferroviaire français, c’est d’abord que l’Etat reprenne une part importante de la dette, puis qu’il investisse. Depuis très longtemps, je défends une taxe sur les poids-lourds selon le principe du pollueur-payeur. Avant juillet, nous aurons légiféré au Parlement européen sur l’Eurovignette. Aux Etats de l’appliquer ensuite.
L’interview est à lire dans son intégralité sur le site de l’Usine Nouvelle.