
Vers un nouvel ordre économique mondial
Avec ses nouveaux tarifs douaniers, affectant pas moins de 185 territoires à travers le monde, Donald Trump lance bien plus qu’une guerre commerciale à l’échelle mondiale. Couplée à ses volontés impérialistes, au Groenland comme ailleurs, à la fin de l’USAID – qui aura pour conséquence des millions de morts à travers le monde – et à ses attaques contre les législations européennes, il bouscule irrémédiablement l’ordre international établi.
Il serait naïf de croire que la négociation est possible. Que le Président américain s’arrêtera là ou reviendra à la raison. Que nous pouvons revenir au système d’avant. Il serait surtout une erreur de penser que nous pouvons répondre à Trump avec l’unique carte de la diversification et du néolibéralisme.
Les marchés financiers s’effondrent à travers le monde et la réponse serait de signer l’accord avec le Mercosur et relancer la déforestation le plus rapidement possible ? Des milliers d’emplois sont menacés et nous devrions également accélérer les accords de libre-échange avec l’Inde, l’Afrique du Sud, l’Indonésie et relancer l’extractivisme à tout va dans le monde entier ? Serait-ce là les seules options que nous aurions à notre disposition ? Notre vocabulaire, pourtant si riche, doit-il désormais se limiter à simplification et diversification ?
Les annonces fracassantes de Trump mobilisent notre attention et celles des médias à travers le monde entier. Il ne se passe pas une journée sans que nous tentions d’analyser leurs conséquences, les réponses possibles et de nous demander jusqu’où il sera capable d’aller. Mais cela nous détourne de sujets de société bien plus importants et qui sont désormais relégués au placard : la justice sociale et la lutte contre le changement climatique et l’extinction de masse des espèces.
Face à l’actualité, il serait facile de baisser les bras, de considérer que les questions sociales et environnementales sont des luxes dont nous pouvons nous passer aujourd’hui et que nous n’avons pas le choix. Mais nous avons bien un choix à faire : celui de saisir l’opportunité qui s’offre à nous pour dessiner les contours d’un nouvel ordre économique mondial, basé sur la sobriété, l’économie locale et circulaire et une véritable coopération entre les peuples. C’est un formidable moment pour réfléchir collectivement à ce projet de société commun. Au regard des dernières annonces sur le climat et l’environnement, ce n’est pas vraiment comme si nous avions le choix.
Ce projet de société ne pourra advenir que dans des démocraties. Or, Trump, Musk et leurs amis techno-millionnaires s’en prennent aujourd’hui au fondement même de nos démocraties, la liberté d’information. Leurs « fake news » et algorithmes qui promeuvent les contenus basés sur la haine et le rejet d’autrui permettent aux ingérences étrangères et à l’extrême-droite de prospérer.
Aujourd’hui, l’Union européenne a les moyens de réagir. L’application des législations européennes sur les services numériques, qui luttent contre la désinformation et les ingérences étrangères, doit demeurer une priorité absolue. Nous avons un instrument anti-coercition dont nous pouvons parfaitement nous saisir quand Trump s’attaque à nos politiques de diversité en entreprise et à notre capacité à légiférer. Nous devons riposter fermement là où cela fera mal pour tous les millionnaires qui le soutiennent, une taxe sur les géants du numérique nous permettra de compenser une partie des pertes subies du fait de ses attaques. Surtout, l’Union européenne doit rester unie et soudée face à Trump.
Nous, écologistes, sommes convaincu·es, qu’une page se tourne aujourd’hui. Il nous appartient d’écrire ensemble la prochaine.
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