Voitures carburant de synthèse, une aberration climatique et industrielle

22 mars 2023

Communiqué de presse de Karima Delli, présidente de la commission du Transport et du tourisme du Parlement européen

D’après des informations de presse, la Commission européenne aurait accepté d’autoriser la vente de voitures thermiques à carburant de synthèse au-delà de 2035. Elle pose comme condition l’obligation d’installer un dispositif assurant une combustion exclusivement faite à partir de carburant de synthèse neutre en carbone.

Cette proposition est une aberration. Elle contrevient tout d’abord à l’esprit du processus législatif européen qui avait acté la fin de tous les moteurs thermiques en 2035. Plus grave, l’existence des moteurs thermiques à carburant de synthèse ne résout ni nos objectifs de neutralité carbone, ni les problématiques de santé publique.

Des études ont démontré que ces moteurs émettent autant voire davantage de particules nocives pour la santé. D’après Transport et Environnement (T&E), les oxydes d’azote (Nox) sont moins nombreux mais toujours présents et les émissions d’ammoniac et de monoxyde de carbone sont plus importantes.

En outre, le bilan carbone soi-disant neutre de ces moteurs ne provient que d’une compensation de la fabrication du carburant. À la sortie du pot d’échappement, c’est bien du CO2 qui sort. Sur le cycle de vie, une étude de T&E a démontré que le bilan carbone d’une voiture électrique était meilleur (-53%) que son équivalent en carburant de synthèse.

Ce n’est évidemment pas un hasard si l’Allemagne a défendu cette proposition, abjurant ses engagements précédents, puisqu’il est désormais démontré que la trajectoire d’électrification de l’industrie automobile allemande ne permettra pas à celle-ci d’être prête en 2035. Ce faisant, elle pénalise les constructeurs qui ont, eux, fait le choix d’investir massivement dans l’électrification.

L’interdiction des moteurs thermiques doit être une opportunité pour accélérer la transformation de l’industrie automobile européenne, tandis que chinois et américains accélèrent massivement dans l’électrification.

“La reculade de la Commission européenne est une aberration pour le climat, pour la santé des citoyens européens mais également pour la compétitivité de notre industrie automobile. Elle cède aux lobbying d’États qui n’ont rien à proposer que des politiques industrielles de courte vue. Alors que le dernier rapport du GIEC nous enjoint d’agir sans plus tarder pour limiter le processus de réchauffement climatique, il est urgent d’agir avec détermination en éliminant tous les émetteurs de CO2”, déclare Karima Delli, députée européenne Les Verts-ALE.

 

Karima Delli,
Députée européenne, Les Verts-ALE.

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