17 avril : journée internationale de soutien aux luttes paysannes

Où qu’elles ou ils soient dans le monde, les paysan.ne.s sont toujours en première ligne pour cultiver la terre, prendre soin des milieux et protéger l’environnement. Ils et elles sont nos meilleur.e.s allié.e.s face aux prédateurs de l’agriculture industrielle.

La crise actuelle du coronavirus nous rappelle d’ailleurs leur rôle vital dans la société. Le 17 avril est la journée internationale de soutien à leurs luttes, en Europe comme partout autour de la planète.

Pourquoi le 17 avril ?

Ce jour de 1996, dix-neuf membres brésiliens du Mouvement des Travailleurs Sans terre au Brésil était assassinés par la police militaire alors qu’ils réclamaient une réforme agraire et des surfaces agricoles, un droit de produire et de vivre dignement de leur culture. En leur mémoire, la Via Campesina Internationale a déclaré le 17 avril cette journée internationale de soutien aux luttes paysannes.

Vingt-cinq ans après, le sang des paysan.ne.s continue de couler dans le monde entier. Les exemples de militant.e.s pour une agriculture paysanne assassiné.e.s dans le Brésil de Bolsonaro sont hélas toujours là. On en trouve régulièrement ailleurs en Amérique du Sud, en Afrique ou en Asie. Mais chez nous aussi, en Europe, et particulièrement en France, de nombreux.ses paysan.ne.s se trouvent en difficulté, voire se donnent la mort, parce que leurs conditions de vie et de travail sont insupportables.

La question de l’accès à la terre reste essentielle en Europe. Entre 2005 et 2016, le nombre d’exploitations y a diminué d’un quart. 85% des disparues sont les petites exploitations de moins de 5 hectares. La surface agricole, elle, est restée constante, signe de la concentration croissante des terres, le plus souvent dans les mains de fonds d’investissement. Les plus grandes exploitations (>100ha) ont elle augmenté en nombre, si bien qu’en 2013, 3% des exploitations européennes possédaient plus de la moitié des terres européennes !

Cette évolution s’explique par des choix politiques constants depuis des années qui encouragent l’agriculture intensive et une libéralisation accrue en Europe comme à l’étranger, sous pression de l’Organisation Mondiale du Commerce mais aussi de la Politique Agricole Commune. Placée sous le signe de la compétition mondiale et de la spécialisation sectorielle, l’agriculture se détache dès lors du rapport à la terre. Dopée aux pesticides et intrants chimiques, placée sous perfusion d’argent public et dénuée du moindre objectif de respect des milieux, on exige d’elle qu’elle produise quoi qu’il en coûte. Au risque que la vie des paysan.ne.s soit réduite à un facteur négligeable.

Elles et ils ont pourtant le droit à un revenu décent : pour ce faire, finissons-en avec la prétention de conquérir en permanence de nouveaux marchés à l’autre bout du monde. Sitôt les frontières fermées, comme c’est le cas actuellement, ce sont autant de débouchés perdus et de risques de surproduction ! Que deviennent alors celles et ceux qui les produisent ? En produisant ici pour nourrir l’Europe, les revenus des agriculteurs.trices n’en feront qu’augmenter !

Elles et ils ont droit à voir leur santé protégée des pesticides et autres intrants chimiques. Comment admettre que des milliers de paysan.ne.s soient ainsi confronté.e.s, chaque jour, au risque de cancer, sur le lieu et dans le cadre de leur travail ?

Elles et ils ont le droit à jouir d’un avenir durable. C’est en offrant de telles perspectives que les nouvelles générations viendront à ce magnifique métier.

Les paysan.ne.s sont en première ligne face au réchauffement climatique. Elles et ils sont des milliers à s’engager dans la réduction de leur consommation d’énergie et d’eau pour produire leurs cultures. Soyons à leurs côtés et exigeons de l’Union européenne qu’elle fixe des objectifs clairs à la PAC pour qu’elle leur donne un cap clair en ce sens.

Les paysan.ne.s luttent pour cultiver la terre. Partout en France et en Europe, des milliers d’entre elles et eux sont déjà occupé.e.s à transformer leurs exploitations intensives pour les faire passer en bio, voire en agroécologique, afin de cultiver leurs produits tout en prenant soin des sols et de la biodiversité. Ils et elles oeuvrent pour l’intérêt général et doivent être aidé.e.s par les pouvoirs publics, dont l’Union Européenne à travers une stratégie de la Fourche à la Fourchette ambitieuse.

Les paysan.ne.s luttent pour nous nourrir. Face aux chimères de la sécurité alimentaire, quoi qu’il en coûte, partout, des paysan.ne.s sont occupé.e.s chaque jour à bâtir notre souveraineté alimentaire, en produisant une nourriture saine pour nos territoires et en promouvant une relation plus directe avec les autres citoyen.ne.s à travers les circuits courts.

Pour toutes ces raisons, ce 17 avril, nous soutenons les paysan.ne.s et leurs luttes partout en Europe et dans le monde.

#RestezChezVousMaisPasEnSilence

#PeasantsRights

#DroitsDesPaysans

Partager cet article

Les commentaires sont fermés.