
La France doit rapatrier les enfants français encore retenus en Syrie
Lors de la session plénière de janvier, j’ai reçu une délégation d’avocat·e·s de différents pays pour échanger sur le problème des enfants européens détenus dans des camps en Syrie. Nous devons urgemment les rapatrier. La France doit enfin respecter les décisions de la Cour européenne des droits de l’Homme.
En 2019, il y avait encore 300 enfants français, fils et filles de djihadistes, retenus dans des camps en Syrie. Si la France a déjà rapatrié environ 170 enfants après de nombreuses pressions, il reste toujours 120 enfants et leurs mères dans les camps, que la France ignore depuis trop longtemps. En agissant de la sorte, la France ne respecte aucune disposition de l’arrêt de la Cour européenne des Droits de l’Homme.
Ces enfants sont des victimes innocentes
Tous ces enfants étaient très jeunes lors de leur entrée dans les camps : 70 % avaient moins de trois ans, et aucun n’avait plus de six ans. Ces mineurs n’ont connu que les camps et les conditions de vie terribles qui y sont associées. Ils ne peuvent, en aucun cas, être tenus responsables des fautes et des crimes de leurs parents. Ces enfants sont avant tout des victimes du conflit : la France doit tout mettre en œuvre pour les sauver. Il est ici question du respect de la Convention internationale des droits de l’enfant, qui stipule que les États ont le devoir de protéger leurs ressortissants mineurs et de leur garantir un accès à leurs droits fondamentaux, quels que soient leur statut et leur histoire familiale. Un enfant ne peut être tenu responsable des décisions ou des actes de ses parents. La France ne peut donc pas continuer à refuser arbitrairement à rapatrier ces enfants, sans motiver son refus.
L’urgence de sauver ces enfants
Parmi ceux qui restent dans les camps, un tiers des mères et leurs enfants ont exprimé leur volonté d’être rapatriés. Ils pourraient être évacués immédiatement si la France décidait enfin d’agir. En outre, certaines mères radicalisées ne souhaitent pas être rapatriées. Leurs enfants doivent être sauvés de leur emprise et de leurs conditions de vie dramatiques. Ces enfants doivent être protégés, et la France doit prendre ses responsabilités en les mettant à l’abri.
L’argument sécuritaire avancé pour justifier l’inaction ne tient pas : Les enfants qui ont déjà été rapatriés ne représentent aucun danger pour la sécurité publique. La plupart des enfants vont bien. Dans les pires cas, ils représentent un danger pour eux-mêmes et non pas pour autrui. Certaines fratries n’ont même plus besoin de suivi éducatif.
Soyez sûrs que je resterai engagé pour le rapatriement de ces enfants, et le respect de leurs droits fondamentaux. Nous avons donc le recul nécessaire pour montrer que le rapatriement est une solution sure. C’est un impératif d’humanité, mais également de sécurité, à l’heure où le nord de la Syrie, où se trouvent les camps, est le théâtre de violents affrontements. Ne prenons pas le risque que ces mineurs et leurs mères disparaissent dans la nature et tombent dans les mains de groupes extrémistes.
Mounir Satouri
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