Accord de Cotonou : il est temps de changer la politique de la coopération au développement UE-ACP

22 janvier 2010
L’accord de Cotonou, signé pour 20 ans, entre l’UE et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique dans le but de promouvoir le développement et l’éradication de la pauvreté, est en cours de révision.
Le Parlement européen a adopté le 20 janvier 2010 un rapport d’Eva Joly, présidente Verte de la commission du développement sur cette révision à mi-parcours.
Commentant l’adoption de son rapport, Eva Joly a estimé qu' »il est très satisfaisant que le Parlement européen ait apporté un clair soutien à des révisions substantielles concernant l’accord de coopération au développement UE-ACP. L’examen à mi-parcours de l’accord de Cotonou représente une excellente occasion de remettre en question le désastreux modèle du développement de la libéralisation des marchés qui a provoqué la crise multidimensionnelle dans le secteur des finances, des produits alimentaires, de l’énergie et du changement climatique.

Il est temps d’opérer un sérieux changement politique. Les politiques de l’UE sur le commerce, la pêche et l’agriculture doivent être cohérentes pour soutenir le développement durable dans les États ACP. L’agriculture doit être placée au cœur de la politique de développement afin de combattre la pauvreté. Les agriculteurs ACP exigent la régulation du marché afin d’encourager la production pour la consommation locale et pour assurer des prix équitables de leurs produits.

Les négociateurs UE-ACP doivent anticiper également la menace de futures crises alimentaires. À la suite de la montée des prix agricoles en 2008, des investisseurs étrangers (Chine, Arabie saoudite, Qatar…), soutenus par leur gouvernement respectif ont acheté des terres agricoles, particulièrement en Afrique, pour assurer leur propre sécurité alimentaire aux dépens de la sécurité alimentaire locale. Si cette tendance se poursuit, la pauvreté et le risque d’émeutes de la faim violentes augmenteront. Des principes directeurs doivent être adoptées, reconnaissant le contrôle des ressources naturelles vitales, telles que la terre et l’eau, comme des droits humains fondamentaux pour la population.

Comme la crise se poursuit sur l’ensemble du globe, des mesures doivent être prises contre les paradis fiscaux. La fuite des capitaux des pays en voie de développement représente environ dix fois plus que l’aide qu’ils reçoivent. Nous invitons en particulier la Commission et les gouvernements ACP à mettre en place un mécanisme contraignant obligeant les sociétés multinationales à déclarer automatiquement les profits qu’elles réalisent et les impôts qu’elles payent dans chaque pays où elles opèrent. Les négociateurs ACP-UE doivent aussi revoir la politique de la Banque européenne d’investissement (BEI) en matière de centres financiers off-shore et modifier la structure de fonctionnement et de gouvernance de la BEI ».

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