Aide alimentaire : pour un pacte de solidarité européen
« C’est avec soulagement que nous accueillons ce nouveau fonds, qui devrait être doté de 2,5 milliards d’euros sur 7 ans, alors que plusieurs Etats membres souhaitaient le voir disparaître après 2013. Toutefois, le montant alloué au nouveau programme est bien inférieur aux 500 millions d’euros par an dont bénéficiait jusqu’alors l’aide alimentaire dans le financement de la Polique Agricole Commune. Cela ne représente qu’une goutte d’eau devant la détresse des plus vulnérables, alors que 115 millions de personnes sont menacées de pauvreté sur notre continent. D’autant qu’il ne s’agit plus seulement d’aide alimentaire, mais aussi d’apporter un soutien matériel aux sans-abris et aux enfants les plus défavorisés (aide alimentaire, vêtements, biens de première nécessité).
De plus, ce nouveau fonds ne viendra plus directement en aide aux associations, mais transitera par les Etats membres qui devront apporter un cofinancement de 15% dans le cadre de leurs politiques d’aide non-financière aux plus démunis. Il est à craindre qu’en cette période d’austérité budgétaire, la plupart d’entre eux renoncent purement et simplement à cette priorité. En outre, les associations bénéficiaires seront sélectionnées selon des critères non-encore précisés, et auront l’obligation de mettre en place despolitiques d’activation et d’aide à l’insertion, ce qui devrait normalement être le rôle de la collectivité.
Par ailleurs, les Etats membres devront utiliser pleinement les possibilités offertes par le fléchage de 20% du Fonds Social Européen en faveur de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Sans cela, on ne pourra progresser vers la réalisation de l’objectif européen de sortir 20 millions de personnes de la pauvreté d’ici 2020. »
Pour José Bové, député européen et vice-président de la Commission de l’agriculture et du développement rural:
« Ce nouveau programme doit être mis en perspective avec les annonces faites par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, et son ministre délégué à l’agroalimentaire, Guillaume Garot, en faveur du maintien du programme européen d’aide alimentaire, mais aussi de la mise en place d’un pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire.
Les deux Fonds – Fonds d’aide aux plus démunis et Fonds Social Européen – doivent concourir à soutenir concrètement, au plus près du terrain, les initiatives d’accès des plus démunis à une nourriture saine et de qualité à l’image des actions développées par l’Association Nationale de Developpement des Epiceries Soildaires (ANDES) ou comme les paniers solidaires dans les centres sociaux au coeur des quartiers établissant ainsi un lien direct entre paysans et citoyens.
C’est donc un véritable pacte de solidarité qui doit être scellé entre les agriculteurs, les industriels et les distributeurs d’une part, les collectivités locales, les associations d’aide aux plus démunis et l’Etat d’autre part, pour utiliser au mieux les fonds européens disponibles. »
Karima Delli et José Bové recevront demain, jeudi 25 octobre, des représentants des Restos du coeur, au Parlement européen à Strasbourg, afin de poursuivre les échanges avec les principaux concernés par ce sujet.