Amérique latine-UE : « Ne pas avoir pour seul objectif les bénéfices commerciaux »
Ces peuples amazoniens sont les premiers à pâtir des accords conclus en grande pompe lors d’un sommet. Catherine Grèze qui est également déléguée à l’Assemblée parlementaire euro-latino-américaine (Eurolat), déplore que l’intégration régionale n’y soit pas mieux prise en compte : « Le partenariat entre l’UE et l’Amérique latine ne doit pas avoir comme seul objectif la protection des bénéfices commerciaux », explique-t-elle dénonçant notamment les accords de libre-échange avec le Pérou et la Colombie qui ont précipité la disparition des producteurs de lait colombiens. « Le respect des droits politiques, sociaux, environnementaux et culturels des populations indigènes doit être au cœur de nos relations transatlantiques », poursuit-elle.
Plus d’aide au développement
Pour aller dans ce sens, l’Union européenne a une carte à jouer : celle de la coopération pour le développement. Championne attitrée des droits de l’Homme et de l’aide au développement, elle doit relever de nombreux défis en Amérique latine où elle y est la plus grande donatrice avec près de 3 milliards d’euros versés en 10 ans. Le sommet de Madrid entérinera justement la création d’une fondation UE-ALC (Amérique latine, Caraïbes) afin de faciliter l’investissement en Amérique latine. Ce nouvel outil de financement de l’UE existera grâce à l’argent des aides au développement… mais il soutiendra les grosses infrastructures et l’extraction des ressources naturelles. Encore une illustration de choix politiques peu respectueux de la biodiversité et du droit à la terre des indigènes.
« Les peuples amazoniens ne luttent pas seulement contre un modèle économique néo-libéral mais contre l’exploitation de la main d’œuvre et des ressources naturelles, comme l’or ou le pétrole », rappelle finalement Roger Rumrrill le porte-voix des autochtones péruviens confrontés à la destruction des forêts, à la pollution des rivières, des sols, des écosystèmes. Leurs conditions de vie sont aujourd’hui en danger. Après l’échec de la Conférence de Copenhague sur le changement climatique, et avec l’année internationale de la biodiversité en 2010, qu’attendons-nous pour ne pas négliger l’environnement et les droits de l’Homme au profit des relations commerciales ?