Banques européennes : le stress test alternatif (et pas complaisant) des Verts européens
C’est la première fois que le secteur bancaire européen est soumis à un examen aussi approfondi. Un premier test grandeur nature à quelques jours de la mise en place du mécanisme de surveillance unique des 130 plus grandes banques de la zone euro, premier pilier de l’Union bancaire.
Le stress test de la BCE : Partiel et trompeur
Les nouvelles règles européennes dites « prudentielles » les obligent en effet à conserver au moins 8% de ce qu’elles prêtent en fonds propres pour couvrir d’éventuels risques. Le problème réside dans le fait que ce sont les banques elles-mêmes qui jugent de la dangerosité de leurs actifs, et donc des fonds propres nécessaires à couvrir un éventuel défaut. Par ailleurs, la BCE analyse les banques les unes après les autres, et ne prend ainsi pas suffisamment en compte le degré d’interconnexion du système bancaire européen.
Un signal dangereux
En « dopant la confiance publique dans le secteur bancaire », cet examen envoie dès lors un signal très dangereux, à savoir qu’une réforme structurelle du secteur bancaire européen ne serait plus nécessaire. En outre, en réduisant l’enjeu de la régulation des banques à une simple exigence de fonds propres, la BCE évacue totalement du débat la question de la finalité de l’activité bancaire. Selon l’approche défendue par l’institution de Francfort, tant qu’une banque présente des coussins de fonds propres adéquats, celle-ci est autorisée à continuer à prendre des risques en spéculant sur les produits financiers dérivés et en finançant des fonds spéculatifs.
Les 7 péchés capitaux des banques
Deux ans après le lancement de son site web consacré aux « 7 péchés capitaux des banques », le Groupe des Verts au Parlement européen publie ce mardi 27 octobre une évaluation mise à jour, à la fois rigoureuse et pédagogique, du modèle d’affaires de près de 77 banques actives dans six États membres de l’Union européenne, à savoir: l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, l’Espagne, les Pays-Bas et la Belgique. Ces données confirment que le modèle d’affaire des plus grandes banques européennes n’a fondamentalement pas changé. À l’image de Deutsche Bank, BNP Paribas, ou Barclays, les mégabanques européennes ne répondent toujours pas aux exigences de base en matière de gestion des risques financiers et d’utilité sociale.
Pour Eva Joly, membre de la Commission des Affaires économiques et monétaires au Parlement européen: « La satisfaction teintée de chauvinisme dont ont fait preuve certains observateurs, notamment gouvernementaux, ne peut pas tenir lieu d’agenda politique. L’évaluation alternative des Verts européens vise notamment à rappeler que le système bancaire français ne remplit pas les critères de stabilité et d’utilité sociale que les citoyens sont en droit d’attendre. Il continue de faire peser un risque systémique grave sur l’ensemble des économies européennes. Très concentrées, largement surdimensionnées, les principales banques profitent d’aides implicites et parfois explicites de l’Etat français. Et alors qu’elles continuent d’être particulièrement présentes dans les paradis fiscaux, qu’elles continuent de spéculer sur les marchés financiers, elles restent parmi celles qui accordent le moins de crédits à l’économie réelle. Au niveau européen, on ne peut pas se satisfaire des mesurettes de la loi de séparation bancaire française. »
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