Corruption : la Roumanie source d’inquiétude

En soutien de la forte mobilisation citoyenne face à une tentative de dépénalisation de certains faits de corruption, nous interpellons le Conseil de l’Europe afin que le gouvernement roumain cesse de saborder la lutte contre la corruption.
 
Depuis le vote, le 31 janvier 2017, d’un décret dépénalisant certains faits de corruption, les Roumains protestent contre ce mal qui gangrène la vie politique et économique du pays. Même si elle a décru en ampleur, la mobilisation citoyenne se poursuit, demandant notamment la démission du gouvernement malgré l’abrogation du décret controversé et l’engagement du Premier ministre roumain socialiste de ne pas modifier la législation anticorruption « sans une large consultation de la société civile roumaine et des experts de l’Union européenne ».

Tant l’Union européenne que le Conseil de l’Europe agissent aujourd’hui dans le domaine de la lutte contre la corruption. Une étude de 2016 du Parlement européen estimait que le coût de la corruption pour l’économie européenne pourrait correspondre à une perte économique comprise entre 218 et 282 milliards d’euros par an en termes de PIB. La lutte contre la criminalité organisée et la corruption étant une compétence partagée de l’Union et de ses États membres, l’étude montre également que le coût de la « non-Europe » dans le domaine de la criminalité organisée et de la corruption s’élève au moins à 71 milliards d’EUR par an. Pour la députée européenne et magistrate Eva JOLY : « Pour lutter contre la corruption, l’échelon européen prouve sa pertinence. Nous regrettons donc que la Commission européenne soit aussi timorée et ait clairement échoué dans le rôle de contrôle qui est le sien. Le Conseil de l’Europe doit agir là où la Commission européenne a montré ses faiblesses en publiant son rapport anti-corruption avec plus d’un an de retard. »

Si on parle plus de la corruption en Roumanie, c’est aussi parce qu’elle est véritablement combattue par la justice, à la différence de son voisin bulgare qui est nettement plus en retard. Dans ses derniers rapports, l’UE ne manque d’ailleurs pas de saluer les efforts concédés par la Roumanie. Ainsi en 2002 et en vue du processus d’adhésion, la Roumanie s’était dotée en 2002, d’une Direction Nationale Anti-corruption (DNA) et chaque année, le nombre de dossiers traités augmente, en dépit de moyens limités.

C’est dans ce contexte que plusieurs députés écologistes européens dont Karima DELLI, Michèle RIVASI, Eva JOLY et Pascal DURAND demandent au Secrétaire général du Conseil de l’Europe ainsi qu’au Groupe d’États contre la Corruption (GRECO) de faire preuve de vigilance dans leur rapport sur la Roumanie, en intégrant les évolutions récentes concernant la dépénalisation de la corruption et l’affaiblissement des règles sur les conflits d’intérêts. Pascal DURAND porte-parole écologiste sur les questions de transparence et de démocratie explique : « En attendant que la Commission européenne soit enfin soit prête à assumer ses responsabilités, nous demandons au Conseil de l’Europe un suivi rigoureux des développements politiques inquiétants en Roumanie. Nous appelons également la famille sociale-démocrate européenne à réagir et à condamner haut et fort les dérives du gouvernement socialiste roumain. »

Notre groupe parlementaire Verts/ALE au Parlement européen demande également que le Premier Ministre roumain soit invité à débattre avec les parlementaires européens lors d’une session plénière de l’assemblée européenne.

Photo : Paul Turungiu / CC BY-NC-SA 2.0 / Flickr

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